jeudi 4 juillet 2024 16:17

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Un cinéaste narbonnais filme l'enfer des migrants africains

Vendredi 10 octobre, au Ciné-club, Grégory Lassalle présentera "L'Aventure", documentaire suivant le parcours de trois migrants ivoiriens arrivés en Grèce.

Par l'image, il s'attache à illustrer les faces sombres de la mondialisation. Grégory Lassalle a d'abord vécu sept ans au Guatemala : il en a tiré Des dérives de l'art aux dérivés du pétrole, documentaire épinglant les activités d'une multinationale franco-britanique. Il revient à présent avec L'Aventure, plongée dans le quotidien de migrants africains venus tenter leur chance en Europe. Vendredi, le Narbonnais sera de retour dans "sa" ville, afin de présenter son travail au public du Ciné-club. Rencontre. 

Pourquoi avoir choisi ce thème ?

Je voulais traiter de la migration sud-nord, et surtout aller à la rencontre de ceux qui la vivent. C'est tombé au moment où la Grèce était devenue la principale porte d'entrée de l'Europe, via la Turquie. Je me suis donc rendu là-bas durant l'été 2012 : des centaines de migrants se retrouvaient coincés… en plein contexte de crise économique. Une situation vraiment explosive.

Le documentaire suit trois immigrés ivoiriens. A-t-il été difficile de les convaincre ?

Je les ai rencontrés à Athènes. On a pris le temps de se connaître, je leur ai expliqué ma démarche… Ils ont finalement accepté car ils souhaitaient qu'on parle d'eux et que soient montrées leurs conditions de vie d'alors, extrêmement difficiles. A ce moment-là, le gouvernement grec venait de lancer une vague d'arrestations massives d'immigrés. C'était une véritable chasse à l'homme dans les rues d'Athènes.

Comment s'est déroulé le tournage ?

Il s'est étalé sur un an. Je n'ai pas commencé tout de suite à tourner, car je ne voulais pas les brusquer. Entre les passeurs et les autorités, ils l'étaient déjà en permanence ! Petit à petit, j'ai filmé leur vie à Athènes. L'appartement minuscule dans lequel ils s'entassaient avec treize autres personnes. L'attente, interminable. Puis la prise de conscience du décalage entre leurs rêves d'Europe et la réalité. Je montre aussi la débrouille : tous voulaient rejoindre d'autres pays, mais que faire quand tu dois encore payer pour de faux papiers et un billet d'avion, que tu n'as plus un sou et que ta famille ne peux plus t'envoyer d'argent ? Tu te retrouves vite contraint à basculer dans l'illégalité.

Certains moments vous ont-ils vraiment marqué ?

J'ai passé extrêmement de temps dans une rue où se massent les migrants. C'est là que les autorités distribuent des cartes roses protégeant provisoirement les bénéficiaires des arrestations. Le problème, ce que des dizaines et des dizaines de personnes attendent là tous les jours… et qu'ils ne donnent que vingt cartes par semaine. Chaque vendredi, à 2 h du matin, des policiers sortent et les distribuent arbitrairement à vingt personnes. Pour moi, cette rue est devenue le symbole de l'enfermement. Des mafias s'y sont développées : elles vendent des places aux immigrés. Certains flics font de même.

Que sont devenus ces trois migrants ?

Ils ont finalement pris la route vers les Balkans. Je les ai suivis jusqu'à la frontière avec la Macédoine, mais je me suis fait arrêter par la police. Eux sont parvenus à atteindre la Serbie en montant dans un train de marchandise, puis je les ai retrouvés en Hongrie. Ils sont aujourd'hui à Paris, où ils vivent de petits boulots. Economiquement, ça va mieux, surtout pour deux d'entre eux. Mais leur situation n'est toujours pas régularisée.

Tarif : 6,50 euros. Réduit : 5 euros. Séance à 20 h 30. Une plongée dans le quotidien de migrants africains venus tenter leur chance dans une Europe en crise.

08 octobre 2014

Source : lindependant.fr

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