Le discours sur l'immigration prononcé par Nicolas Sarkozy en 2010 à Grenoble avait marqué un tournant dans la présidence de l'ancien chef de l'Etat. Des propos durs qui avaient provoqué la polémique. Un raté qu'il a admis mercredi à Toulouse au cours d'un surprenant mea culpa.
Nicolas Sarkozy a peut-être changé. Si lors de son nouveau meeting de campagne à la présidence de l'UMP, mercredi à Toulouse, peu d'idées nouvelles ont émergé, l'ancien président de la République s'est prêté à un inhabituel jeu de regrets à propos de son décrié discours de Grenoble sur l'immigration, en 2010.
"Si je devais le prononcer aujourd’hui, je ne le ferai pas pareil", a-t-il avoué à Toulouse devant un public acquis à sa cause et au retour de l'homme providentiel.
Les Roms visés "en priorité" par Sarkozy
30 juillet 2010, Grenoble, préfecture de l'Isère. Nicolas Sarkozy se lance dans un discours virulent sur l’immigration et l’identité nationale. Les populations roms sont directement visées par le chef de l'Etat. Le contexte? Quelques jours plus tôt, un policier avait été blessé dans une interpellation et un braqueur tué.
Parmi les propos forts tenus ce jour-là par Nicolas Sarkozy, une charge virulente "contre cinquante années d'immigration massive, insuffisamment régulée". Mais aussi sur "ces migrants qui repartent avec une dotation de l'Etat pour revenir ensuite illégalement demander une autre aide".
Visés, les Roms le furent aussi quand le chef de l'Etat dénonce les "implantations sauvages de campement" et lorsque le ministère de l'Intérieur publia une circulaire à destination des préfets, demandant de les cibler "en priorité".
Ce texte fera suscitera des réactions hostiles à Bruxelles, du côté de l'Union européenne.En France, beaucoup voient dans ces propos le point de départ de la "droitisation" - de la "ligne Buisson"? - de Nicolas Sarkozy.
"J'ai écouté mais (...) je pense la même chose"
Quatre ans plus tard, en 2014, le candidat à la tête de sa famille politique "regrette d'avoir pu blesser des gens". Déjà en 2012 dans un entretien au Dauphiné Libéré, cité par Le Lab, Nicolas Sarkozy avait déclaré: "oui", il prononcerai à nouveau ce discours mais "sans parler d'une communauté en particulier".
De quoi dérouter les militants UMP? Nicolas Sarkozy "ne fait son mea culpa que sur la forme, pointe Laurent Neumann, éditorialiste politique sur BFMTV. Ce qui lui permet de dire ensuite 'regardez j'ai écouté, j'ai changé, mais sur le fond je pense exactement la même chose'".
"Il veut parler aux Français dans leur totalité, explique son ancien conseiller en communication Thierry Saussez à BFMTV. Et une partie avait été agacée de ce que l'on a appelé son comportement". Et pour séduire le centre, important tant dans la bataille à l'UMP qu'en vue de la présidentielle, Nicolas Sarkozy doit être moins clivant. C'est un des enjeux de son avenir politique.
09/10/2014, S.A. avec R. Bey
Source : .bfmtv.com