mardi 5 novembre 2024 05:17

picto infoCette revue de presse ne prétend pas à l'exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse marocaine, internationale et autres publications, qui n'engagent en rien le CCME.

Un numéro d’urgence pour contrer le drame des boat-people en Méditerranée

L’idée paraît drôle mais elle est vitale, atypique mais capitale. Un réseau transnational de militants associatifs vient de mettre en place une ligne téléphonique d’urgence pour les boat-people qui traversent la Méditerranée.

Elle est opérationnelle depuis le 10 octobre dernier et fonctionne  24h/24 et 7j/7 grâce à des volontaires  multilingues en couvrant  l’ensemble des appels des migrants dans la Méditerranée centrale, la mer Egée et entre le Maroc et l’Espagne. Cependant, les initiateurs de ce projet tiennent à préciser qu’ils ne comptent pas mener eux-mêmes les opérations de sauvetage mais tirent plutôt la sonnette d’alarme  en cas de lenteur ou quasi-absence de ces opérations en mobilisant l’opinion publique internationale. 

Ces mêmes initiateurs comptent désormais diffuser ce numéro de téléphone auprès des migrants et des réfugiés en pays de transit notamment au Maghreb ainsi que de la Turquie qui enregistrent un nombre important de passage illégal vers l’Europe.    Pour ce réseau de militants des droits de l’Homme, ce projet n’est pas une solution mais s’impose comme une mesure urgente pour arrêter les morts en masse des migrants et refugiés dans la mer Méditerranée. En effet, la situation est plus grave comme en atteste le dernier rapport d’Amnesty International : «Migrants et réfugiés en péril en Méditerranée: Des vies à la dérive », rendu public, le 30 septembre dernier où il est fait état de plus de 21.000 réfugiés et migrants noyés en mer Méditerranée au cours de  ces 26 dernières années. 

Le document a indiqué que le nombre de personnes qui périssent ainsi n'a cessé d'augmenter depuis le début des années 2000. En 2011 déjà, 500 personnes avaient trouvé la mort selon les estimations du HCR. Un chiffre constaté également en 2012 avant de se hisser à  plus de 600 en 2013 et 2.500 au 15 septembre 2014 dont 2.200 entre le début du mois de juin et le 15 septembre.   

Cette situation est appelée à s’aggraver davantage avec la fin prochaine de l’opération « Mare Nostrum », une opération militaire et humanitaire menée par la marine italienne dont l'objectif est de sauver des vies en mer et qui a permis de secourir plus de 100.000 personnes depuis le 18 octobre 2013. En fait, ni la Commission européenne ni les Etats membres de l'UE ne proposent de solutions susceptibles de relayer Mare Nostrum et de mettre fin à l'hécatombe en Méditerranée. 

Selon le réseau européen et africain de militants et chercheurs «Migreurop», le renforcement des contrôles des frontières par Frontex via l'opération «Triton» - appelée aussi «Frontex Plus» - ne semble pas remplir cette mission de sauvetage en mer, comme l'agence Frontex l’a précisé  elle-même.  

Et malgré les critiques adressées à Mare Nostrum (son caractère militaire, l'absence de transparence sur le sort des personnes sauvées de la noyade, etc.), Migreurop estime que cette opération a néanmoins amorcé une autre vision. « L'Italie a pris en octobre 2013, en allant secourir des migrants jusque dans les eaux libyennes, une responsabilité que l'UE, qui se contente de déplorer hypocritement les «drames de la migration» à chaque annonce de naufrage tout en renforçant les contrôles, n'a jamais été capable d'assumer», a conclu un communiqué de  Migreurop. 

14 Octobre 2014, Hassan Bentaleb

Source : Libération

Google+ Google+