Un colloque organisé jeudi 17 décembre à Lille, par deux départements et France terre d'asile, sera l'occasion d'alerter sur la situation des jeunes errants isolés
Le démantèlement du campement de Calais, fin septembre, illustre l'extrême complexité de la prise en charge des mineurs isolés. Sur une centaine de jeunes Afghans interpellés, le quart sont restés dans le centre de placement de Vitry-sur-Orne, en Moselle.
Les autres ont fugué pour tenter de rejoindre la Grande-Bretagne. Outre cette difficulté, propre à une immigration de « transit », la prise en charge des mineurs étrangers isolés demeure très problématique.
À l'initiative des deux départements du Nord et du Pas-de-Calais, et de l'association France terre d'asile, un colloque est organisé aujourd'hui à Lille sur le sujet. En 2008, 250 mineurs ont été pris en charge dans le département du Nord, tandis que, dans le Pas-de-Calais, plus de 2 400 ordonnances de placement provisoire ont été prononcées par le juge, visant essentiellement de jeunes Afghans.
L'âge de la majorité fait tomber la protection juridique
Les deux contextes sont différents mais se rejoignent sur un point : les départements - compétents dans le domaine de la protection sociale de l'enfance - sont dépassés et réclament une implication plus forte de l'État. Le ministre de l'immigration a mis en place un groupe de travail sur le sujet.
« Éric Besson fait preuve de bonne volonté, mais le sujet implique plusieurs ministères, analyse Pierre Henry, directeur général de France terre d'asile. Faute de volonté du gouvernement, ce travail n'a pas abouti. » La charge de l'accueil et du suivi de ces jeunes est mal répartie, les pratiques disparates et peu évaluées.
Le monde associatif dénonce aussi le fait que l'âge de la majorité fait tomber la protection juridique des mineurs. « Le mineur engagé dans une formation sérieuse, suivie avec assiduité (...), doit être en mesure de la terminer », concédait Éric Besson, le 18 novembre en présentant les résultats du groupe de travail.
50 000 à 100 000 jeunes étrangers en errance
Au-delà de la situation française, le colloque de Lille est l'occasion de lancer un appel pour une protection européenne des mineurs isolés. Dans les instances officielles, le chiffre de 13 000 mineurs isolés circule. Le monde associatif estime que ce chiffre n'a rien à voir avec une réalité qui concernerait en fait de 50 000 à 100 000 jeunes étrangers en errance.
« Le Conseil de l'Europe a inscrit le sujet à son agenda 2010, explique Pierre Henry. C'est le moment de pousser les pays membres à s'engager. » Comparée à nombre de ses voisins, la France respecte plutôt bien les droits de l'enfant et n'expulse pas les mineurs étrangers.
« L'Europe doit se doter de standards de protection et, sur la question des retours au pays, faire prévaloir l'intérêt supérieur de l'enfant », affirme Pierre Henry, qui plaide pour une harmonisation des bonnes pratiques.
Source : La Croix