Le procès des « 18 » du boulevard de Strasbourg s'ouvre jeudi 23 octobre à Paris. Les 18, ce sont 18 coiffeuses et manucures, la plupart sans-papiers, qui occupent depuis plusieurs mois un salon de beauté parisien. La justice doit se prononcer sur leur expulsion, alors que leur employeur a déposé le bilan. Depuis le mois de mai, les « 18 » dénoncent leurs conditions de travail inhumaines et comptent sur l'appui du Collectif des cinéastes pour les sans papiers qui a lancé une campagne nationale hier, avec un film diffusé dans une centaine de cinémas en France.
C'est une campagne nationale de mobilisation en faveur des 18 salariés sans-papiers, pour la plupart coiffeuses et manucures d’origine africaine, qu'a lancé mercredi le Collectif des cinéastes pour les sans-papiers. L'objectif est de les aider à obtenir un titre de séjour. Ces salariés sans-papiers protestent depuis plusieurs mois contre leurs conditions de travail très difficiles. Les cinéastes ont donc réalisé un film de trois minutes avec leurs témoignages : « On m’avait dit, la coiffure, c’est 400 euros par mois », « Très vite, on découvre qu’il n’y a pas vraiment de salaires », « 80 heures par semaine depuis un an, deux ans », « Nous sommes les premiers à parler », « Si notre parole s’éteint, qui la prendra après nous ».
C’est justement pour que leurs paroles ne s’éteignent pas que le Collectif des cinéastes pour les sans-papiers a filmé ces témoignages. Christophe Ruggia est l’un des réalisateurs : « Quand on est rentrés dans le salon de coiffure, on était juste tous atterrés, scandalisés : pas d’aération, on étouffait, on transpirait. Ce sont des conditions qui sont juste contraires à la dignité humaine. »
Le collectif demande au gouvernement de donner des titres de séjour à ces coiffeuses. Les salariées, elles, commencent à avoir peur. Fatou est l’une des employées : « Là, on n’est pas en sécurité. On est en danger. Et vu qu’on a porté plainte contre eux, qu'on a dénoncé un système, vraiment notre sécurité est en jeu. Ça nous embête que ça prenne trop de temps. Il faut qu’on soit protégés. Ce n’est pas facile. » La situation de Fatou et des autres est loin d’être isolée. D’après les cinéastes, dans le quartier de Château d’Eau à Paris, ce sont 1 500 sans-papiers qui travaillent sans être déclarés.
23-10-2014
Source : rfi.fr