Les autorités françaises sont confrontées, depuis des semaines, à l'augmentation sensible de la pression migratoire au port de Calais (Nord), porte de sortie prisé par les migrants désireux de gagner la Grande-Bretagne.
Le ministère de l'Intérieur a décidé de renforcer les effectifs de maintien de l'ordre au niveau de ce port, après une série de rixes qui ont eu lieu tout au long de cette semaine entre groupes de migrants désireux de passer en Angleterre.
Un contingent de 100 policiers et gendarmes supplémentaires a été ainsi déployé, dont 70 en permanence 24h/24 pour sécuriser le port, et 30 autres pour sécuriser le centre-ville, qui s'ajoutent aux 350 policiers sont déjà mobilisés à Calais.
Ce déploiement des forces de sécurité "est exceptionnel pour une circonscription de police de 75.000 habitants, mais totalement justifié compte tenu de la situation", a affirmé à cet égard le ministre français de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.
En effet, des rixes opposant le plus souvent des migrants d'origines érythréenne et éthiopienne éclatent régulièrement aux abords du port, mais aussi récemment dans le centre ville, attisant la crainte des habitants de Calais quant aux répercussions de ces incidents sur l'activité du port et le tourisme, principaux leviers de l'économie locale.
A cela s'ajoute la grogne des transporteurs routiers et chauffeurs de camions qui assurent la liaison avec la côte anglaise. Quotidiennement, des dizaines voire des centaines de migrants essayent de monter dans les camions pris dans les bouchons sur la rocade d'accès au port, une situation aggravée ces derniers jours par les retards des ferrys dus aux rafales soufflant sur la Manche.
Pour faire face à cette situation, Bernard Cazeneuve a annoncé de prochains travaux pour sécuriser le port, évoquant des "barrières provisoires" dans un premier temps, avant "une sécurisation définitive" dans les prochains mois.
"L'objectif est de fluidifier la circulation des camions, d'éviter qu'ils soient assaillis, et de renforcer les contrôles, tout en assurant la sécurité des migrants qui sont eux-mêmes en danger", a-t-il expliqué, notant que l'objectif de ces efforts est "de soulager les forces de l'ordre et de décourager les filières de passeurs".
Cependant, les associations humanitaires et d'aide aux migrants critiquent les plans des autorités, axés sur le volet sécuritaire du phénomène et négligeant la dimension humanitaire et la nécessité de faire face à la précarité des conditions de vie des migrants, qui augmente les tensions.
"Pour la dimension sécuritaire du problème, l'Etat réagit vite et met en place des moyens concrets. Mais quand il s'agit des conditions de vie des personnes, l'urgence n'est pas prise en considération", a déploré Isabelle Bruand, coordinatrice de l'association Médecins du monde à Calais.