Le président républicain de la Chambre des représentants des Etats-Unis a sèchement répondu jeudi à Barack Obama, en l'avertissant que des mesures unilatérales sur l'immigration empoisonneraient les deux prochaines années de cohabitation.
"J'ai dit au président que s'il agissait unilatéralement, tout seul, en outrepassant ses pouvoirs, il empoisonnerait l'eau du puits, et il n'y aurait aucune chance pour qu'une réforme de l'immigration soit adoptée par ce Congrès", a déclaré John Boehner lors d'une conférence de presse au Capitole, deux jours après que le parti républicain a remporté une majorité historique à la Chambre et au Sénat.
Le dossier de l'immigration semble devoir se transformer en premier affrontement entre Barack Obama et le nouveau Congrès, avant même qu'il ne prenne ses fonctions en janvier.
Au lendemain des élections de mi-mandat de mardi, le président démocrate et les chefs de file républicains ont tous promis de coopérer dans les domaines où ils peuvent s'entendre, comme les traités de libre-échange ou les investissements dans les infrastructures.
Mais ils ont en même temps déclaré que leurs priorités seraient non négociables: l'immigration pour Barack Obama, la remise en cause de la réforme du système de santé "Obamacare" pour les républicains. Chaque camp mettant l'autre en garde contre une provocation.
Le président américain a redit mercredi qu'il agirait, par décret, d'ici la fin de l'année pour compenser l'absence de réforme et donner une solution aux millions de sans-papiers installés dans le pays. Les mesures, de niveau administratif, pourraient inclure des régularisations temporaires, sur le modèle de ce que l'administration a mis en place pour quelque 600.000 jeunes sans-papiers depuis 2012.
"Quand on joue avec le feu, on risque de se brûler, et il se brûlera s'il persévère dans cette voie. Les Américains ont envoyé un message clair lors des élections, ils veulent qu'on agisse mais ne veulent pas que le président agisse de façon unilatérale", a dit John Boehner.
Le chef républicain n'est pas personnellement opposé à une réforme, mais le texte ambitieux adopté au forceps par le Sénat en 2013 n'a jamais été examiné par la Chambre, en raison de l'hostilité d'une partie des élus conservateurs à toute forme de régularisation. Pour eux, la priorité est d'abord de stopper l'afflux de clandestins à la frontière avec le Mexique.
06 nov. 2014
Source : AFP