Elles rêvent toujours de fonder un foyer, cet havre de paix cimenté par la confiance et la transmission des valeurs spirituelles et morales, et de parvenir à l’osmose relationnelle préconisée par le Coran "Elles sont un vêtement pour vous et vous êtes un vêtement pour elles" (S.2, V.187), mais il semble qu'une partie d’entre elles ait renoncé à sceller une union avec un de leurs compatriotes, les Saoudiennes seraient de plus en plus nombreuses à épouser des étrangers selon une étude consacrée au boom des mariages interculturels en Arabie saoudite.
Inquiètes devant la flambée du taux de divorce, redoutant la polygamie et plus encore les restrictions sociales, nombre de jeunes femmes en âge de convoler en justes noces ne croient plus au conte de fées et refusent de se mettre la corde au cou avec un prétendant saoudien, quitte à braver les us et coutumes et à bousculer les mentalités.
"D'innombrables jeunes femmes ont peur de se marier dans les familles saoudiennes en raison de l’augmentation des divorces et craignent d’être mises sous tutelle. Elles ont en commun leur aspiration à un mode de vie plus ouvert et moderne, elles veulent découvrir le monde", a commenté Hady Makki, une infirmière en milieu hospitalier, dans un entretien accordé à Arab News.
Le phénomène des unions interculturelles en plein cœur d’un royaume figé dans son archaïsme a gagné en ampleur à La Mecque, Djeddah, Médine et Taïf, les destinations phares des voyages spirituels suprêmes, le Hajj ou l’Omra, les Koweïtiens n’ayant pas leur pareil pour faire chavirer le cœur des Saoudiennes, distançant nettement les autres ressortissants du Golfe, comme l’a fait ressortir une radiographie du mariage réalisée en 2012. Cette même radiographie a également mis en relief 118 unions jugées taboues, car contractées avec des Pakistanais, soit avec des non arabes.
Sans les réprouver formellement, Abdulaziz Dashnan, un consultant juridique, tire toutefois la sonnette d’alarme sur les dangers que revêtent ces mariages, le désenchantement attendant souvent les Saoudiennes au tournant, notamment quand certains princes charmants révèlent leur vrai visage d’hommes vénaux et de chasseurs de dot, sans parler des obstacles qui jalonneront la route de leur progéniture, tant sur le plan de l’acquisition de la nationalité que des droits fondamentaux et de la protection sociale. Ainsi, Nora regrette amèrement son mariage en dehors de sa culture d’origine après avoir été spoliée sans vergogne par son cher et tendre, tandis que Khairiyah Ali a connu, pour sa part, une descente aux enfers financière, lorsque son époux expatrié fut jeté en prison suite à un litige avec son sponsor local.
Cependant, face aux plus de 700 000 unions interculturelles qui ne peuvent plus être balayées d'un revers de main, les membres du Conseil de la Choura ont décidé d’assouplir la législation en vigueur, et planchent actuellement sur un projet de loi en faveur de l'octroi de la nationalité saoudienne aux étrangers qui ont uni leur destinée à des Saoudiennes. Un gage de pérennité et de solidité qui fera peut-être des mariages heureux.
11. novembre 2014
Source : oumma.com