Cinq associations intervenant dans les centres de rétention administrative (CRA) pour les étrangers en situation irrégulière appellent le gouvernement français à changer de politique en matière de rétention et d'expulsion des sans-papiers.
Dans un rapport commun, elles rappellent que François Hollande s'était engagé lors de sa campagne présidentielle à faire en sorte que la rétention des migrants devienne l'exception.
Or, le projet de loi relatif au droit des étrangers qui sera prochainement discuté à l'Assemblée nationale va encore plus loin que la loi Besson sous la présidence de Nicolas Sarkozy, déplorent la Cimade, Forum réfugiés, France Terre d'asile, l'Ordre de Malte et l'Assfam.
"Plus de 50.000 personnes ont été éloignées de force en 2013, soit 15% de plus que l'année précédente" et le double de ce qu'annonçait le 31 janvier le ministère de l'Intérieur - qui ne prenait pas en compte les chiffres de l'Outre-Mer.
Quatre départements d'Outre-mer regroupent à eux seuls davantage d'éloignements que les 95 départements métropolitains", soulignent les associations, pour qui "c'est là que se concentrent les plus graves atteintes aux droits fondamentaux".
L'année 2013 marque aussi une augmentation du nombre d'enfants en rétention, essentiellement à Mayotte, où 3.512 mineurs ont été enfermés contre 2.575 en 2012.
"Ce rapport révèle des pratiques absurdes qui ne servent pas les buts politiques affichés", écrivent les associations, soulignant que plus de 60% des personnes sont éloignées de force depuis la métropole vers un pays membre de l'Union européenne.
Les associations s'inquiètent aussi des manquements aux droits fondamentaux des étrangers placés en rétention administrative. Selon elles, 54% des personnes éloignées le sont sans que le juge judiciaire ait pu contrôler le respect de leurs droits par la police et l'administration.
18 novembre 2014
Source : Reuters