Les menaces des républicains n'y ont rien fait, le président des États-Unis, Barack Obama, est passé à l'offensive, jeudi 20 novembre au soir, en dévoilant un dispositif destiné à sortir de l'illégalité des millions de clandestins.
Au cours d'une allocution prononcée à la Maison Blanche, M. Obama a précisé que ce dispositif, présenté comme temporaire, concernerait les personnes présentes depuis plus de cinq ans sur le sol américain, sans passé judiciaire et dont les enfants possèdent des documents officiels. Ces personnes ne jouiront cependant pas des droits sociaux des citoyens américains.
Selon les estimations publiées par la presse américaine avant l'intervention du président, entre quatre et cinq millions de personnes pourraient être concernées, soit un peu moins de la moitié du total des clandestins, principalement d'origines hispaniques.
« UNE NATION D'IMMIGRANTS »
Critiqué pour n'avoir rien tenté en la matière depuis son élection en 2008, M. Obama avait averti en juillet qu'il userait de ses pouvoirs exécutifs face à l'incapacité du Congrès, alors partagé entre un Sénat démocrate et une Chambre des représentants républicaine, à parvenir à un compromis.
Sous la pression des élus démocrates, il avait repoussé la décision après les élections de mi-mandat, le 4 novembre, marquées par une cinglante défaite démocrate et la perte du Sénat. Le président a tenu parole, sans attendre la réunion du nouveau Congrès, début janvier. « Nous sommes et nous serons toujours une nation d'immigrants », a-t-il lancé, jugeant par ailleurs des expulsions massives « irréalistes ».
L'annonce de l'intervention de M. Obama, mercredi, a suscité une pluie de critiques de la part des républicains qui ont estimé que les mesures présidentielles constitueraient à la fois un abus de pouvoir (un comportement de « monarque » selon eux) et une déclaration de guerre. M. Obama y a en partie répondu jeudi en assurant que ces mesures auraient été prises par n'importe quel président démocrate ou républicain soucieux des intérêts du pays et qu'elles seraient retirées dès lors que le Congrès adoptera une réforme de l'immigration qu'il jugera acceptable.
LES RÉPUBLICAINS DIVISÉS
Le président démocrate doute cependant que le Parti républicain, très divisé sur la question, puisse parvenir à un tel consensus.
La riposte aux annonces présidentielles va d'ailleurs constituer une première épreuve pour le Grand Old Party, tiraillé entre ceux qui plaident déjà pour une politique de terre brûlée (« shutdown », « fermeture » du gouvernement, blocage des nominations qui nécessitent l'avis du Sénat, voire ouverture d'une procédure d'impeachment contre M. Obama) et ceux qui estiment que pour préserver ses chances lors de l'élection présidentielle à venir en 2016, le camp républicain doit faire la preuve de sa capacité à gouverner.
Sans compter qu'une réponse trop radicale sur la question de l'immigration pourrait plus que jamais détourner du vote républicain un électorat latino dont le poids ne cesse de grandir.
21/11/2014, Gilles Paris
Source : Le Monde