dimanche 24 novembre 2024 09:42

La prospérité de Genève est due à la migration

Le canton doit sa prospérité et son rayonnement international à la migration, selon une étude. Aujourd'hui, un salarié sur deux est de nationalité étrangère.

 «L'ouverture de Genève sur le monde est ce qui semble faire la pérennité de son économie. Les données montrent qu'un protectionnisme exacerbé nuit à la croissance économique», a relevé ce jeudi devant les médias Hélène de Vos Vuadens. La directrice adjointe de la Banque Cantonale de Genève (BCGE) commentait l'étude «Les artisans de l'économie genevoise».

Cette recherche, réalisée par Philippe Wanner et Yves Flückiger, de l’Université de Genève, et Marian Stepczynski, est la huitième du genre publiée par la Chambre de commerce, d'industrie et des services de Genève (CCIG), la BCGE et l'Office cantonal de la statistique (OCSTAT). L'objectif était de déterminer le rapport entre les flux migratoires et la Genève d'aujourd'hui.

Migration continue

Genève doit l'horlogerie aux Français arrivés en masse après la révocation de l'Edit de Nantes (1685) et la banque aux Italiens, a rappelé Marian Stepczynski. A partir de 1750, les Vaudois et les Neuchâtelois représentent le groupe de migrants le plus important. Ils sont actifs dans l'industrie du bâtiment.

Le premier recensement fédéral de 1850 révèle que Genève, alors le quinzième canton en termes de population, compte un quart d'étrangers et plus de 20% de la population étrangère totale du pays. «Une situation exceptionnelle en Suisse», note Marian Stepczynski. Avant la Première Guerre mondiale, la proportion d'étrangers atteint 42%. Elle décroît ensuite jusqu'en 1941.

Après la Seconde Guerre mondiale, l'économie genevoise se développe et s'internationalise. Le secteur tertiaire se développe. De petites et moyennes entreprises actives dans la recherche et les technologies de pointe remplacent les grandes activités industrielles. Les migrants qui viennent alors du sud de l'Europe sont moyennement ou faiblement qualifiés.

En parallèle, de grandes sociétés multinationales, suisses et étrangères, se sont installées à Ge-nève, accélérant les flux migratoires. Contrairement à une idée répandue, elles emploient aujour-d'hui plus de Suisses (43,6%) que le reste de l'économie genevoise (42,1%).

«Plus dynamiques»

Aujourd'hui, un salarié sur deux est de nationalité étrangère, tous secteurs économiques confondus. La proportion est plus faible dans l'administration publique (53%), tandis qu'elle atteint 81% dans la construction. La dépendance face à la migration concerne donc tout autant des professions faiblement qualifiées que celles hautement spécialisées, note l'étude.

Avec 40,9% d'étrangers, le canton recense 192 nationalités différentes, un record en Suisse. Les Portugais, les Français, les Italiens et les Espagnols regroupent la moitié de la population étrangère. Cette diversité démographique se traduit par un plurilinguisme élevé.

Marian Stepczynski s'est dit frappé le «nombre phénoménal» d'entreprises fondées par des étrangers. «C'est à se demander s'ils ne sont pas plus dynamiques que le reste de la population», a-t-il commenté.

Richesse et fragilité

La migration des cinq dernières années se caractérise par l'arrivée de Français, de Portugais et d'Italiens, jeunes et hautement qualifiés, alors que Genève et la Suisse ne forment pas assez de spécialistes de différentes professions. Agés de 36 ans en moyenne, ils contribuent à rétablir un équilibre entre actifs et retraités.

Plus que toute autre région de Suisse, l'agglomération genevoise a bénéficié des flux migratoires et a tiré profit des compétences des migrants, conclut l'étude. Mais cette richesse considérable est aussi une fragilité. Toute l'économie genevoise serait frappée par une modification des conditions-cadre, estime Marian Stepczynski.

20.11.2014

Source :tdg.ch/ATS

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