La nouvelle politique migratoire du Maroc ainsi que sa coopération agissante avec l'Union Européenne, notamment la France et l'Espagne, sur le plan de la lutte contre la migration clandestine, tels sont les principaux volets abordés par l'Ambassadeur du Maroc en Autriche, Ali El Mhamedi, lors d'une rencontre organisée dernièrement à l'OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe).
Dans son intervention vendredi dernier devant ses homologues représentant 57 Etats membres de l'OSCE ainsi que six Etats partenaires, réunis dans le cadre du groupe de contact méditerranéen relevant de ladite organisation, M. El Mhamedi, qui représente également le Royaume en Slovénie et Slovaquie, a d'emblée souligné les efforts consentis par le Royaume pour juguler les flux migratoires et son audacieuse politique à visage humain dans le traitement des dossiers des migrants subsahariens et des demandeurs d'asile.
Lancée le 1er janvier 2014 en réponse aux Hautes Orientations Royales, cette nouvelle politique a permis de régulariser des milliers de migrants sans-papiers qui vivent sur le territoire marocain, a-t-il indiqué, ajoutant que 'par cette nouvelle approche de la problématique migratoire, le Maroc s'est engagé dans un tournant historique en étant parmi les premiers pays du Sud à avoir organisé une campagne de régularisation d'une telle envergure''.
Et de noter que 'La vision Royale répond à cinq exigences à savoir le respect des droits humains des migrants, le renforcement de la lutte contre l'immigration irrégulière, la promotion de la migration légale, la garantie des droits des réfugiés et demandeurs d'asile ainsi que la régularisation exceptionnelle des migrants clandestins''.
Tout en soulignant l'apport des programmes de coopération internationale visant à renforcer les synergies entre la migration et le développement et la mise en place d'une gouvernance mondiale et régionale des migrations, le diplomate marocain a relevé que cette prise de conscience de l'importance du capital immatériel que représentent les migrants se traduit au Maroc par une plus grande intégration de la migration dans les politiques publiques de développement aux plans national, régional et local.
Des politiques publiques qui concernent, outre la régularisation récente et toujours en cours des migrants en situation irrégulière, la situation des Marocains résidant à l'étranger (plus de 3 millions et demi), les étrangers au Maroc dont le nombre est estimé à 100.000 en majorité des expatriés européens et maghrébins ainsi que la lutte contre la migration illégale. Un volet très important dans le domaine de la coopération internationale, notamment avec la France et l'Espagne.
Une stratégie qui s'articule autour de cinq axes à commencer par le volet juridique avec l'adoption d'une nouvelle loi régissant l'entrée et le séjour des étrangers, le volet institutionnel avec la création en 2014 de la Direction de la Migration et de la Surveillance des Frontières et de l'Observatoire de la Migration ainsi que des actions de prévention et de protection en faveur des victimes de l'immigration clandestine, souvent encouragées dans leur mésaventure par des réseaux mafieux et en raison de la précarité de leur condition.
Cinquième volet et non des moindres au vu de son efficacité saluée partout en Europe, il s'agit des mesures opérationnelles avec le renforcement du dispositif national de surveillance et du contrôle des 3.200 km du littoral national par la mobilisation de 11.000 agents spécialisés dans la lutte contre les réseaux de trafic des migrants et les filières de la traite des êtres humains, le démantèlement des réseaux de trafic des êtres humains et l'avortement des centaines de tentatives d'immigration irrégulière en amont ainsi que la lutte contre la fraude documentaire à travers la généralisation de la technique biométrique pour l'obtention de la carte nationale, le visa et les documents de voyage.
Toujours dans le cadre de la coopération internationale, il a rappelé que le Maroc a initié avec ses partenaires une coopération bilatérale portant notamment sur la réadmission des migrants marocains en situation irrégulière, régie par des accords bilatéraux conclus avec certains pays européens, l'Allemagne, la France, l'Espagne, la France, les Pays-Bas et l'Italie.
Concernant tout particulièrement l'Espagne, il a indiqué que les deux parties ont créé un groupe de travail Permanent Maroco-espagnol sur l'immigration, mis en place en novembre 2003. Le groupe se réunit alternativement à Madrid et à Rabat pour traiter de tous les aspects des questions migratoires. Il a permis d'enregistrer des progrès notables depuis sa création et tout particulièrement dans trois domaines à savoir la migration légale, la migration irrégulière et l'immigration saisonnière.
Une coopération similaire existe avec la France en vue de développer une migration économique circulaire de travailleurs saisonniers présélectionnés par l'Agence Nationale de Promotion de l'Emploi et des Compétences (ANAPEC).
Tout en annonçant que des projets de coopération semblables sont en cours de négociation avec différents pays membres de l'UE dans le but de favoriser la migration économique légale tout en garantissant le retour volontaire des saisonniers dans leur pays d'origine, l'ambassadeur du Maroc à Vienne a fait savoir que la coopération avec l'Union Européenne porte essentiellement sur l'amélioration des modalités de promotion de la migration légale et une meilleure gestion des flux migratoires à travers notamment le renforcement de la surveillance et du contrôle des frontières ainsi que la finalisation du projet d'accord de réadmission Maroc-UE.
Concernant ce dernier point, l'Ambassadeur marocain a indiqué que la négociation de cet accord avec le Maroc n'a pas encore abouti jusqu'à présent en raison de divergences sur des questions substantielles, notant que si l'Union Européenne plaide dans sa politique de voisinage pour la mobilisation des diasporas en faveur du développement de leur pays d'origine, le Maroc œuvre pour faire admettre à ses partenaires une approche globale des différents aspects du phénomène si complexe que représente la problématique migratoire.
Il n'en reste pas moins que la coopération reste très étroite entre le Maroc et l'Union Européenne pour réduire le coût humain de l'immigration clandestine et tirer le maximum de bénéfice de l'immigration légale.
Il a, à ce propos, indiqué que le Maroc fait partie des huit pays cibles de l'initiative conjointe pour la migration et le développement soutenue par un programme international mis en œuvre par le PNUD en partenariat avec l'Organisation Internationale de la Migration, la Suisse et l'Union Européenne. Les pays concernés sont, outre le Maroc, le Costa-Rica, l'Equateur, le Salvador, le Népal, les Philippines, le Sénégal et la Tunisie.
Deux projets s'étalant sur deux ans, ont été ainsi lancés en avril dernier au Maroc dans le cadre de ce programme. Axés sur l'apport des migrants au développement local, ils impliquent l'un et l'autre les collectivités territoriales et les migrants marocains résidant à l'étranger.
Basée à Vienne, l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE) était jadis à sa création en 1973 un outil de la guerre froide mais depuis la chute du mur de Berlin, elle œuvre en faveur de la paix, de la démocratie et de la stabilité dans le monde.
24 nov. 2014
Source : MAP