dimanche 24 novembre 2024 10:31

Portugal : une enquête judiciaire lancée sur les "golden visas"

La ministre de l'Intérieur a ordonné vendredi l'ouverture d'une enquête sur l'attribution de visas "dorés" pour investisseurs étrangers.

Tempête au Portugal ! Après l’arrestation par la police portugaise de 11 personnes, dont le patron de la police des frontières, Manuel Jarmela Palos, qui a entre-temps démissionné, et deux autres hauts responsables de l'administration publique, la nouvelle ministre de l'Intérieur du Portugal, Anabela Rodrigues, a ordonné vendredi l'ouverture d'une enquête sur l'attribution de visas "dorés" par la police des frontières (SEF) pour investisseurs étrangers.

Cette enquête, confiée à l'inspection générale de l'administration, doit être menée "de manière urgente dans un délai maximal de 30 jours", indique la ministre. Professeur de droit, Anabala Rodrigues avait été nommée mardi, en remplacement de Miguel Macedo, qui avait démissionné dimanche, tirant les conséquences du scandale ayant affaibli son "autorité politique". 5 des 11 suspects, dont 3 chinois, ont été placés en détention provisoire, dont Manuel Jarmela Palos, ce qui constitue une première pour un chef de police au Portugal.

Plus d'1,1 milliard d'euros d'investissement

Depuis octobre 2012, le Portugal accorde des permis de séjours baptisés "visas gold" aux candidats prêts à débourser au moins 500.000 euros pour l'achat d'une maison ou d'un appartement, investir au moins un million d'euros ou encore créer 10 emplois. Depuis la création du dispositif, les autorités ont octroyé 1.775 permis de séjour représentant un investissement de 1,1 milliard d'euros, surtout à des Chinois, des Brésiliens, Russes et Sud-Africains.

Le réseau est soupçonné d'avoir gonflé la valeur de certains biens immobiliers pour atteindre les seuils requis, afin d'empocher ensuite la différence et accélérer en contrepartie les procédures d'obtention des visas. A l'origine du concept, le vice-Premier ministre Paulo Portas a défendu jeudi les visas "dorés", estimant qu'ils ont contribué à "tirer le secteur immobilier de la récession", mais s'est dit prêt à "améliorer et perfectionner" le dispositif.

Mettre fin à ce programme serait une erreur dont profiteraient immédiatement d'autres pays qui sont nos concurrents dans ce secteur", a déclaré Paulo Portas lors d'une audition au Parlement.

"Rien qu'au sein de l'Union européenne, il existe une quinzaine de pays dotés de règles d'autorisation de résidence liées à l'investissement similaires ou comparables à la nôtre", a fait valoir le chef du parti conservateur CDS-PP, partenaire minoritaire de la coalition gouvernementale de droite.

Le dispositif a rapporté des recettes fiscales de 105 millions d'euros, a assuré le vice-Premier ministre dont le pays est sorti en mai dernier d'un plan de sauvetage financier international. "Je ne pense pas que le Portugal soit en mesure de jeter par la fenêtre un investissement de cette importance", a souligné Manuel Portas.

7 jours pour circuler dans l'espace Schengen

Les titulaires des "golden visas" doivent résider au Portugal 7 jours par an pour pouvoir circuler librement dans l'espace Schengen. "Ceux qui s'opposent à l'immigration des pauvres à la recherche de travail défendent la pseudo-immigration des riches. La politique d'immigration de ce gouvernement se résume à la vente de visas", a accusé le député communiste Antonio Filipe, dont le parti avait demandé à entendre Manuel Portas.

26-11-2014

Source : nouvelobs.com

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