samedi 2 novembre 2024 22:17

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Les migrations, un bon baromètre de la santé des économies

Les migrants légaux constituent une ressource pour les économies des pays développés à la démographie vieillissante.

L'OCDE constate que les mouvements intra-européens sont désormais plus importants que ceux venus de l'extérieur de l'Union européenne.

Angel Gurria est Mexicain. Il vient de la nation qui fournit à son voisin américain le plus grand nombre d'immigrés légaux et non légaux. Quand il parle de migrations, il connaît son sujet. Lundi 1er décembre, le directeur général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) présentait la dernière édition des « Perspectives des migrations internationales. »

Les migrants, « une chance pour nos économies développées »

Les pays industrialisés comptent plus de 115 millions d'immigrés, soit 10 % de leur population. Pour Angel Gurria, cette main-d'œuvre étrangère n'empêche pas les chômeurs des pays développés de retrouver un travail : « Les migrants prennent ces emplois, car ces emplois ne sont pas pourvus. » Il en est convaincu, les migrants sont une « chance pour nos économies développées ».

En tout cas, les migrants sont un bon baromètre de la santé des économies. L'Allemagne va bien. Elle est devenue la principale destination d'immigration en Europe, avec 400 000 migrants en 2012 (un tiers des migrants européens). Elle est la deuxième nation d'accueil au monde, derrière le million d'entrées enregistrées par les États-Unis. Et les trois quarts de ces nouveaux arrivants proviennent de l'Union européenne elle-même, d'Europe centrale ou de l'est, ou du sud de l'Europe. Dans un pays confronté au vieillissement, de récentes modifications de la loi ont facilité l'immigration, note l'OCDE.

Des candidats moins nombreux

En 2012, pour la toute première fois, les déplacements entre pays européens ont égalé l'immigration permanente légale en provenance de pays non européens. Mais, comme l'économie européenne, dans son ensemble, ne va pas bien, les candidats migrants sont moins nombreux. Ils étaient 950 000 en 2012 contre 1,4 million en 2007, juste avant la crise. Depuis, en Espagne ou en Italie, le chômage a atteint des sommets et l'immigration a chuté. En 2012, la France a continué à accueillir environ 260 000 migrants, Européens en majorité.

Trois catégories de migrants

Ces candidats à la migration ont des motivations multiples. Le nombre de personnes admises pour des raisons humanitaires augmente. L'an dernier, 556 000 personnes ont demandé l'asile dans un pays industrialisé. « Cette augmentation de 20 % est liée à la persistance de la situation en Syrie ». Là encore, l'Allemagne est la première destination.

Ces dix dernières années, le nombre d'immigrés très qualifiés a augmenté de 70 %. Il dépasse aujourd'hui les 31 millions de personnes. Leur taux de chômage reste supérieur à celui de leurs homologues nationaux. Ils acceptent souvent un niveau d'emploi inférieur à leur qualification.

Les étudiants constituent une troisième catégorie de migrants. La France en a accueilli 270 000 en 2012. Les nouveaux inscrits venaient de Chine, pour 10 000, du Maroc pour 6 000 et des États-Unis pour 4 000. Ce chiffre a doublé en douze ans, mais « le rythme de croissance s'est ralenti au cours des dernières années. La part de la France dans le marché mondial de l'enseignement supérieur est en baisse » note le rapport.

Le défi crucial de l'intégration

Ces migrants sont une chance. « Les pays bénéficieraient davantage de l'immigration s'ils considéraient les migrants comme une ressource plutôt que comme un problème, et les politiques d'intégration comme un investissement », note Angel Gurria. C'est ce que constatait également lundi le commissaire européen de la migration et des affaires intérieures Dimitris Avramopoulos. « Notre population active est en train de diminuer. Les migrants peuvent être positifs pour notre économie, même s'il est difficile d'en parler en temps de crise. »

Le principal problème posé par les migrants peut venir d'une difficulté à s'intégrer. En 2012, dans l'OCDE, 12,5 % des jeunes de 15 ans ont deux parents nés à l'étranger, soit 50 % de plus qu'en 2002. Le rapport souligne que leur intégration, en particulier pour ceux dont les parents ont un faible niveau d'éducation, est un sujet de plus en plus préoccupant.

L'OCDE n'a recensé dans son rapport que les migrants légaux. Hier, Dimitris Avramopoulos insistait aussi sur le danger de l'immigration illégale : « Elle nourrit une économie souterraine en Europe. Nous ne pouvons accepter cela. »

1/12/14, Pierre COCHEZ

Source : La Croix

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