samedi 2 novembre 2024 22:18

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Suède : l'extrême droite cherche à faire tomber le gouvernement

L'extrême droite suédoise a plongé mardi le pays dans une crise politique inédite en mettant en minorité le gouvernement de gauche par son soutien au projet de budget de l'opposition.

"Nous allons donner nos suffrages au budget de l'Alliance" (opposition de centre droit), a annoncé lors d'une conférence de presse à Stockholm le président par intérim du parti Mattias Karlsson.

Le gouvernement, au pouvoir depuis seulement deux mois, s'est retrouvé obligé de négocier une issue avec les autres partis, ceux de l'Alliance (centre droit) qu'il a battus lors des législatives de septembre.
Le Parlement a le projet de budget 2015 inscrit à son ordre du jour de mercredi. Mais le vote pourrait être repoussé si le gouvernement (sociaux-démocrates et Verts) et l'Alliance se mettaient d'accord.

Lors d'une conférence de presse, le Premier ministre Stefan Löfven a indiqué qu'il invitait à discuter d'un nouveau budget les responsables des quatre partis de l'opposition de centre droit (conservateurs, libéraux, centristes agrariens et chrétiens-démocrates) dès mardi soir.

"Le gouvernement prendra ses responsabilités. Et je suis prêt à collaborer au-delà des blocs", a-t-il déclaré.
"Quatre ou cinq pistes peuvent être explorées", a-t-il ajouté, n'excluant pas de démissionner comme il l'avait évoqué dans la presse mardi matin.

L'opposition de centre droit a jusqu'à présent affirmé qu'elle ne soutiendrait pas le budget gouvernemental.
"Stefan Löfven fait désormais tout pour faire porter la responsabilité à quelqu'un d'autre, alors qu'elle est celle de Stefan Löfven", a dit la présidente du groupe parlementaire des Modérés (conservateurs), Anna Kinberg Batra à l'agence de presse suédoise TT, soulignant les différences entre les deux budgets.

Dans le meilleur des cas, un compromis pourrait être trouvé en commission parlementaire. Dans le pire des cas, la crise ne pourrait être résolue que par de nouvelles élections législatives.

"Une possible sortie est que les renégociations du budget en commission des Finances soient rompues et que Stefan Löfven démissionne, alors il y aura un remaniement en premier lieu", a déclaré la politologue Jenny Madestam à TT.

Le seul scénario exclu est que le gouvernement ou l'opposition de centre droit négocient avec l'extrême droite.

 Troisième parti de Suède

Les Démocrates de Suède (SD) sont le troisième parti du pays avec 49 sièges sur 349, et ont affirmé leur ligne anti-immigration.

"Nous tâcherons de faire tomber tout gouvernement ou proposition de budget qui soutient une hausse de l'immigration et donne aux Verts une influence décisive sur la politique d'immigration", ont-ils indiqué mercredi.

Cette décision met le pays dans une situation exceptionnellement compliquée, avec trois blocs distincts en présence.

Le choix des Démocrates de Suède est largement soutenu par les électeurs d'extrême droite : un sondage publié par le quotidien Aftonbladet mardi montrait que 71% de leurs sympathisants étaient favorables à une chute du gouvernement.

"Il est raisonnable de parler avec nous et d'entendre ce que nos quelque 800.000 électeurs pensent", a souligné M. Karlsson.

Il a expliqué la décision du parti par la nécessité de mettre en lumière les coûts liés à l'accueil des migrants, estimant que les dépenses contenues dans le projet de budget étaient sous-financées à cause du nombre croissant de réfugiés accueillis par la Suède.

L'extrême droite n'a annoncé sa décision qu'à l'issue d'une conférence de presse de plus d'une demi-heure, profitant de l'audience pour plaider longuement contre une politique d'immigration qualifiée d'"extrême".
Pour une éditorialiste du quotidien Dagens Nyheter, "SD a réussi à nous amener exactement où ils voulaient, ils ont réussi à attirer l'attention (...). Ils nous ont obligés à écouter leurs leitmotiv (...) : asile, immigration, asile, immigration. C'était comme une agression mentale".

Le Parlement suédois est sorti des législatives de septembre divisé entre une gauche minoritaire (158 députés), un centre droit battu après huit années de réformes d'inspiration libérale au pouvoir (142 députés) et une extrême droite en pleine ascension.

02 déc. 2014, Camille BAS-WOHLERT

Source : AFP

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