François-Charles Wolff est économiste, professeur à l'université de Nantes et chercheur à l'Institut national des études démographiques (INED). Il vient de publier aux Editions Stock un livre intitulé « Le Destin des enfants d'immigrés, un désenchaînement des générations », coécrit avec la sociologue Claudine Attias-Donfut, directrice de recherche à la Caisse nationale d'assurance-vieillesse (CNAV). Les deux auteurs ont accordé séparément deux interviews à deux organes de presse. Essai de décryptage de l'ouvrage.
Le livre revient sur une enquête menée en 2003 par la CNAV auprès de 6 200 immigrés de différentes nationalités, âgés de 45 à 70 ans. Ils ont été questionnés sur leur situation, celle de leurs parents et celle de leurs enfants. Conclusion : « de nombreux immigrés en France relèvent ce défi de la liberté face aux puissants déterminismes qui les assigneraient, eux et leurs enfants, aux couches inférieures de la société », a rapporté le journal Le Monde dans une critique.
De plus, selon le livre, « les enfants d'immigrés réussissent bien à l'école, comparativement au reste de la population. Dans les catégories sociales les plus défavorisées, ils réussissent même mieux que ceux des autochtones », a répondu Claudine Attias-Donfut, interrogée par Le Monde.
L'universitaire François-Charles Wolff est allé plus loin dans un entretien accordé cette semaine au quotidien régional Ouest-France. « Quand les enfants d'immigrés sont comparés à tous les enfants d'une même classe d'âge, ils paraissent avoir de moins bons résultats à l'école (...). Lorsqu'on met en balance enfants d'ouvriers immigrés et enfants d'ouvriers autochtones, les premiers s'en tirent très bien (...). Il existe une réussite qui ne se voit pas, dont on ne parle pas », a-t-il dit.
De même, la plupart des immigrés surtout ceux de première génération ont un sentiment d'appartenance à la communauté française, le pays étant depuis des dizaines d'années, une terre d'immigration. Toutefois, en dehors du plan académique, l'intégration professionnelle est moins bien faite. « Ainsi, parmi les diplômés, les enfants d'immigrés ont plus de risques de chômage. En revanche, il n'y a pas de différence entre les taux de chômage des enfants d'immigrés non diplômés et ceux du reste de la population dans la même situation », dixit la sociologue. Par ailleurs selon elle, la discrimination dans les embauches concerne les Maghrébins, les Subsahariens et les Asiatiques.
Pour clore le volet intégration, l'économiste a indiqué à Ouest-France qu'« il n'y a pas d'incompatibilité entre l'affirmation de son identité et le sentiment d'une pleine appartenance à la nation française ».
Le livre de 320 pages vendu au prix de 21,5 euros devrait contribuer à changer les clichés sur les immigrés et enrichir le débat sur l'identité nationale. Parce qu'il a établi que « les enfants d'immigrés sont, dans leur très grande majorité, sur le chemin de la réussite sociale et, par conséquent, de l'intégration ».
Source : Yabiladi