samedi 2 novembre 2024 18:20

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Le Maroc médiéval dans tout son éclat au Louvre

Une belle exposition, la première organisée par le département des arts de l’Islam depuis son ouverture en septembre 2012, fait renaître l’âge d’or des grandes dynasties chérifiennes.

Depuis sa fabrication au XIIIe  siècle, le grand lustre almohade de la mosquée Al-Qarawiyyin n’avait jamais quitté Fès. L’entrée de l’édifice religieux étant interdite aux non-musulmans, depuis une ordonnance du général Lyautey, premier résident général du protectorat français au Maroc, seuls les fidèles pouvaient admirer cet ouvrage d’art monumental, haut de plus de deux mètres trente. Sa venue à Paris pour une exposition consacrée au Maroc médiéval constitue donc une prouesse que l’on doit à la ténacité des deux commissaires, Yannick Lintz, directrice du département des arts de l’Islam du Louvre et Bahija Simou, directrice des Archives royales marocaines.

Il fallut convaincre les autorités religieuses, obtenir l’accord du roi Mohammed VI puis convoyer cette pièce d’exception, une fois démontée et restaurée, jusqu’à la rotonde du Louvre. Pour rejoindre l’avion-cargo militaire affrété pour l’occasion, le lustre a traversé les ruelles étroites de la Médina au petit matin, « comme une mariée le jour de ses noces », note Bahija Simou.

Des prêts exceptionnels consentis pour l’exposition

Suspendu à l’entrée de l’exposition, assez bas pour laisser admirer ses ailettes ajourées, décorées d’arabesques et de versets coraniques, il ouvre en beauté un parcours riche de trois cents pièces. Ce lustre n’est pas le seul prêt exceptionnel consenti par le royaume chérifien : trois chaires (minbar), parmi les plus anciennes et les plus précieuses du monde islamique, ont également fait le déplacement pour raconter l’histoire méconnue de cet empire qui s’étendit, à son apogée, de l’Andalousie aux confins du Sahara.

Chapiteaux sculptés, céramiques, manuscrits enluminés et pièces de monnaie témoignent du faste et du raffinement d’une succession de dynasties arabo-berbères (les Idrissides, les Almoravides, les Almohades et les Mérinides) qui régnèrent entre le XIe et le XVe  siècle. Chronologique, le parcours nous emmène d’une ville impériale à l’autre, de Fès à Séville, de Rabat à Cordoue, que les souverains s’appliquèrent à développer et à embellir au fil des siècles. Des autochromes aux tons pastel, représentant les cités et les monuments à la fin du XIXe  siècle (avant les restaurations modernes), donnent une ambiance doucement mélancolique à une scénographie quelque peu austère.

Des splendides oeuvres liturgiques de facture orientale

L’exposition ne manque pas d’évoquer le multiculturalisme de cet empire au carrefour des réseaux commerciaux et diplomatiques, un monde où collaboraient savants juifs, chrétiens et musulmans. En pleine période des croisades, des documents d’archives exceptionnels témoignent d’une correspondance entre le sultan et le Saint-Siège, de conventions de commerce et de navigation avec Venise ou Gênes…

On doit d’ailleurs de nombreux trésors d’Église à l’habileté des artisans arabo-andalous. Ici, une boîte en ivoire finement ciselée, conservée à la cathédrale Saint-Michel de Carcassonne ; là, le « suaire de saint Exupère » de la basilique Saint-Sernin de Toulouse, chasuble dont le somptueux décor de paons proviendrait des ateliers de tissage d’Al-Andalus. Des vêtements liturgiques taillés dans une luxueuse soierie orientale… tout un symbole !

À l’IMA, le Maroc d’aujourd’hui

Intéressant contrepoint à l’événement du Louvre, l’Institut du monde arabe propose lui aussi une exposition sur le Maroc, cette fois saisi dans ses traits les plus contemporains. Sur 2 500 mètres carrés, le visiteur accède à un large panorama artistique couvrant des disciplines comme les arts plastiques, le design, la vidéo, l’architecture. À cette occasion, L’IMA programme aussi des concerts, des spectacles de danse et un cycle cinéma.

15/12/14, CÉCILE JAURÈS

Source : La Croix

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