La chancelière allemande Angela Merkel a condamné lundi les manifestations anti-islam qui essaiment depuis quelques semaines dans le pays, estimant qu'il n'y avait pas de place en Allemagne "pour l'incitation à la haine et la calomnie".
La liberté de manifester existe en Allemagne, mais il n'y a en revanche pas de place pour "l'incitation à la haine et la calomnie" envers les étrangers, a insisté Mme Merkel qui s'exprimait lors d'une conférence de presse à Berlin à l'issue d'une rencontre avec la Premier ministre bulgare Boiko Borissov.
Cela s'applique notamment aux manifestations ciblant les étrangers, a poursuivi la chancelière qui avait déjà condamné vendredi ces manifestations.
Ce lundi soir, le groupe baptisé "Européens patriotes contre l'islamisation de l'Occident" (Pegida) organisait une nouvelle manifestation à Dresde (est) pour réclamer un durcissement du droit d'asile.
Une contre-manifestation était également prévue.
Lundi dernier, déjà à l'appel de Pegida, 10.000 personnes, sympathisants d'extrême-droite et simples citoyens, avaient déjà défilé dans les rues de cette ville de l'ex-RDA pour exprimer leur ras-le-bol face à l'afflux de demandeurs d'asile. Des rassemblements de moindre ampleur avaient également eu lieu dans d'autres villes d'Allemagne.
Tous ceux qui prennent part aux rassemblements organisés par Pegida doivent "prendre garde à ne pas être instrumentalisés", a ajouté la dirigeante conservatrice.
Heiko Mass, ministre social-démocrate de la Justice a lui aussi condamné ces mouvements : "c'est une honte pour l'Allemagne que les manifestations (anti-islam) se tiennent aux dépends des réfugiés qui ont justement tout perdu et nous demandent de l'aide", a-t-il souligné lundi dans un entretien au quotidien Süddeutsche Zeitung.
"Nous avons besoin d'une large contre-alliance de l'ensemble de la société civile et de tous les partis politiques" pour lutter contre ce mouvement populiste, selon M. Maas.
"Personne en Allemagne ne doit avoir peur d'une soi-disant islamisation", a-t-il ajouté, précisant que "la majorité des réfugiés syriens" qui arrivent en Allemagne après avoir fui le conflit qui ravage leur pays "ne sont pas des musulmans mais des chrétiens".
"Nous devons dire clairement: les réfugiés sont les bienvenus chez nous, quelle que soit leur religion ou leur couleur de peau", a-t-il martelé.
Principale destination de l'immigration en Europe, l'Allemagne accueille cette année un nombre record de demandeurs d'asile depuis plus de vingt ans, environ 200.000, soit 60% de plus qu'en 2013. Ils devraient être encore plus nombreux l'an prochain.
Selon un sondage pour le site internet de l'hebdomadaire allemand Die Zeit pubié lunci, près d'un Allemand sur deux (49%) montre de la sympathie pour les manifestations de Pegida. 30% disent les soutenir "totalement".
Dans la nuit de jeudi à vendredi, près de Nuremberg (sud), trois bâtiments vides destinés à accueillir des réfugiés ont été endommagés par un incendie, vraisemblablement criminel. Des inscriptions racistes et des croix gammées ont été retrouvées sur place.
15 déc. 2014
Source : AFP