Des associations et des responsables socialistes dénoncent mardi les propos du polémiste Eric Zemmour, selon lequel une déportation des musulmans hors de France serait de l'ordre du possible.
Le président du groupe socialiste, Bruno Le Roux, voit dans cette "interview honteuse" donnée au quotidien italien Il Corriere della Sera un "suicide moral" tandis que le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve affirme son soutien aux musulmans de France "odieusement attaqués".
Les propos d'Eric Zemmour, qui datent du 30 octobre, ont été récemment rapportés sur son blog par Jean-Muc Mélenchon, l'ancien dirigeant du Parti de gauche.
Dans cette interview, Eric Zemmour, dont le livre "Le suicide français" est un best-seller, explique que les musulmans en France sont inassimilables car ils ont "leur propre code civil, le Coran" et "vivent entre eux, dans les banlieues que les Français ont été contraints de quitter".
Prié de dire s'il compte déporter 5 millions de musulmans, le journaliste et chroniqueur répond : "Cela semble irréaliste, mais qui aurait imaginé dans les années 1940 qu'un million de pieds-noirs quitteraient l'Algérie 20 ans plus tard pour revenir en France ? Ou que, après la guerre, 5 ou 6 millions d'Allemands quitteraient l'Europe centrale où ils vivaient depuis des siècles ?".
Pour les Jeunes Socialistes, Eric Zemmour "n'est pas un chroniqueur, c'est un militant d'extrême droite".
"Cette provocation vient s'ajouter à une liste déjà longue de déclarations insupportables. Les Jeunes Socialistes demandent à ce qu'Eric Zemmour cesse d'être présenté dans les médias comme un chroniqueur neutre quand il passe son temps à défendre les thèses de l'extrême droite en toute partialité".
Bruno Le Roux demande que les plateaux télé et les colonnes des journaux cessent d'abriter de tels propos. "L'islamophobie est un racisme qui ne doit plus avoir pignon sur rue dans la République", écrit-il dans un communiqué.
"A l'heure où est mise en oeuvre toute une série de mesures pour enrayer l'obscurantisme dans l'esprit des jeunes, doit-on laisser un petit soldat de la haine continuer à mener son combat antirépublicain sur les ondes et dans les médias ?", demandent le Conseil français du culte musulman et l'Observatoire national contre l'islamophobie.
16 déc. 2014, (Gérard Bon, édité par Yves Clarisse)