Le Royaume appelé à initier une politique d’accueil respectueuse des droits des personnes.
La Journée internationale des migrants sera célébrée demain au Maroc comme partout au monde. Une occasion pour dissiper les malentendus et sensibiliser l’opinion publique à la contribution de ces derniers dans les domaines économique, culturel et social, au profit tant de leur pays d’origine que celui de leur destination. Mais cette journée sert également à évaluer le bilan des politiques de migration et les actions et mesures prises en faveur ou contre ces migrants.
Le Royaume ne fait pas exception à la règle. Un collectif associatif constitué de l’AMDH, de l’Association Afrique culture Maroc, d’Attac/Cadtm Maroc, du Collectif des communautés subsahariennes au Maroc, du Conseil des migrants subsahariens au Maroc, de Chabaka et de Pateras de la vida, a dressé en l’occasion un bilan de la politique migratoire nationale fraîchement initiée qui n’a rien de réjouissant.
En effet, ce collectif estime qu’un an après la mise en œuvre de celle-ci, rein ne semble avoir changé. D’après lui, «le Maroc continue à assurer le rôle de garde-frontière de l’Union européenne, contribuant ainsi aux drames de la mer en acceptant de récupérer les migrants illégalement expulsés par l’Espagne des présides occupés de Sebta et Mellilia. Dans le cadre de ces dispositifs liberticides, il est même en train d’ériger un nouveau mur à sa frontière orientale», a souligné un communiqué du collectif.
Concernant la question de l’asile, le bilan semble également mitigé. Ainsi, et après avoir validé, dans un premier temps, les propositions faites par le HCR, le Maroc peine-t-il encore à concrétiser ses engagements. En effet, le dossier des refugiés est en attente de la reprise de l’activité du Bureau marocain des réfugiés et apatrides. Même évaluation concernant l’opération de régularisation des migrants qui reste, selon le collectif, incomplète et fait craindre le pire, comme en témoignent les récentes déclarations du président du CNDH qui craint qu’elle ne cède la place à des opérations d’expulsions.
L’année écoulée a été riche également, selon le collectif, en actes de violences contre les migrants, allant jusqu’à l’assassinat et reflétant ainsi un climat de racisme exacerbé, notamment dans le Nord du pays, alimenté par les comportements policiers qui poursuivent leurs rafles, leurs déportations d’une région à l’autre et leurs expulsions. «De manière tellement massive par moments, que plusieurs associations caritatives avaient tiré la sonnette d’alarme, n’étant plus à même d’assurer l’accueil d’urgence des centaines de migrants venus frapper à leurs portes », a noté le communiqué.
Face à cette situation, les organisations de migrants et de solidarité demandent à l’Etat marocain de respecter son engagement à œuvrer au respect, sans discrimination, des droits des travailleurs migrants et de leurs familles tels qu’ils sont définis par la Convention du 18 décembre 1990.
Ils exigent également la mise en place d’un dispositif conforme à la Convention de Genève relative aux réfugiés et au droit d’asile ainsi que la suspension des négociations avec l’Union européenne et ses pays membres et l’application de tous les accords migratoires. Ils demandent aussi au gouvernement marocain d’abandonner résolument son approche sécuritaire de la question migratoire et d’opter pour une politique positive d’accueil digne et respectueuse des droits des personnes.
17 Décembre 2014, Hassan Bentaleb
Source : Libération