La décision du parquet néerlandais de poursuivre Geert Wilders, chef de l'extrême-droite néerlandaise, pour incitation à la haine a suscité l'émoi mais aussi l'espoir au sein de la communauté marocaine et des autres minorités d'immigrés des Pays-Bas, que le leader populiste rend un jour des comptes pour ses actes racistes et discriminatoires à leur égard.
Si lors du procès de 2011, Wilders, a été acquitté au nom de la liberté d'expression car les juges ont estimé que ses propos contre la religion islamique n'étaient pas dirigés contre un groupe ethnique, la nouvelle bavure du chef du parti pour la liberté (PVV) semble bien grave et insoutenable, aux yeux de plusieurs experts.
Selon Theo de Roos, un spécialiste du droit pénal, cette affaire est beaucoup plus grave que celle de 2011, estimant qu'il y a beaucoup plus de chance que Geert Wilders soit condamné parce que les déclarations qu'il avait faites en mars dernier étaient ''clairement dirigées contre les Marocains''.
Un avis partagé par le professeur de droit, Henny Sackers qui affirme que la Cour suprême a recommandé mardi dernier aux politiciens de s'abstenir d'encourager l'intolérance au nom de la liberté d'expression, ce qui rendra plus probable une condamnation du chef du PVV.
Et ce n'est pas le fameux avocat Gerard Spong qui dira le contraire. Pour lui, l'affaire a cette fois-ci beaucoup de chance d'aboutir, en ce sens que Wilders serait poursuivi, non seulement pour incitation à la haine, à la violence ou à la discrimination, mais aussi pour promotion de l'intolérance.
Plusieurs ONG locales ont, par ailleurs, salué la décision du parquet de poursuivre Wilders, réputé pour ses sorties médiatiques très controversées et incendiaires à l'égard des immigrés quelle que soit leur origine mais aussi pour ses critiques contre l'Islam et l'Europe.
Mohammed Rabbae, président du Conseil national des Marocains des Pays-Bas, a déclaré que la décision du parquet constitue un signal positif à la société, en ce sens qu'il démontre que la loi s'applique à tout le monde, y compris à Wilders.
La plateforme ''Stop racisme'' et Nederland Bekent Kleur, une ONG active dans la lutte contre le racisme se sont dites également ''satisfaites'' de la décision de la justice néerlandaise.
Le porte-parole de la Fondation Egalité pour tout le monde (Stichting Iedereen Gelijk), Farid Azerkan a déclaré, pour sa part, que les propos blessants et haineux ne devraient pas rester sans conséquences aux Pays-Bas.
Le parquet néerlandais, qui a interrogé quelques jours plutôt Wilders après avoir reçu des milliers de plaintes, a annoncé jeudi que ce dernier sera jugé pour discrimination et incitation à la haine suite aux propos haineux qu'il avait tenus en mars dernier contre les Marocains établis aux Pays-Bas.
"Les hommes politiques peuvent aller loin dans leurs déclarations, grâce à la liberté d'expression, mais cette liberté s'arrête avec l'interdiction de discriminer", a affirmé le parquet dans un communiqué.
Près de 6.400 plaintes ont été déposées contre le leader populiste par des Marocains des Pays-Bas et des Néerlandais.
Les propos de Wilders sur les Marocains avaient suscité un véritable tollé aux Pays Bas et à l'étranger, qui s'est traduit par des manifestations inédites. Des membres du gouvernement néerlandais et une bonne partie de la classe politique y compris du propre parti de ce député ont pris leur distance par rapport à ces provocations.
Des appels ont également été lancés pour la création d'un "cordon sanitaire" visant à isoler Wilders et son parti sur le plan politique en suspendant toute collaboration avec lui dans les différentes institutions.
De même, plusieurs députés de ce parti ont présenté leur démission en protestation contre les déclarations de Wilders, dont le parti a subi par la suite des défaites cuisantes dans les municipales néerlandaises et les élections du parlement européen où il s'attendait à une réelle percée.
Le parquet accuse le leader populiste, connu pour son hostilité aux immigrés et à l'islam, entre autres, d'avoir "insulté un groupe de personnes sur la base de leur race et d'incitation à la discrimination et à la haine".
Mais et comme d'habitude, le leader populiste accuse, ''en messager de la vérité'', des parties de vouloir réduire au silence ceux qui disent la vérité, qualifiant son prochain procès de "parodie de justice" et appelant le parquet à s'occuper de la poursuite des djihadistes.
19 déc. 2014, Said Youssi
Source : MAP