Le Maroc va-t-il finir par régulariser l’ensemble des postulants à l’opération exceptionnelle de régularisation des étrangers en situation de séjour irrégulier ? C’est ce que propose la Commission nationale de suivi et de recours relevant du Conseil national des droits de l’Homme. Un projet de recommandations dans ce sens aurait été élaboré par les membres de ladite commission. Ils demandent au chef du gouvernement de procéder à une régularisation de l’ensemble des dossiers déposés depuis le début de l’opération, nous ont révélé certaines sources bien informées.
Les auteurs de ce projet de recommandations estiment que la concrétisation de leur souhait demeure probable vu que d’ici la fin de l'opération exceptionnelle de régularisation prévue le 31 décembre, il n’y aura plus que près de 25.000 personnes à régulariser. Un nombre jugé dérisoire et facile à gérer. Ceci d’autant plus que la politique de régularisation des étrangers en situation irrégulière au Maroc menée par le Royaume depuis le 2 janvier dernier n’a permis que l’octroi de près de 3.000 titres de séjour, soit 20% des 16.123 dossiers déposés jusqu’au 26 juin dernier, selon des statistiques officielles révélées par Cherki Draiss, ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur. Un faible taux dû à une interprétation restrictive de la circulaire interministérielle et au manque de souplesse de la part des commissions au niveau de son application. « Les moyens propres du Maroc ainsi que ceux alloués par l’étranger permettent à notre pays de procéder à une telle régularisation », nous a précisé notre source.
Il convient de rappeler que le Royaume a déjà procédé à la régularisation de 5.000 femmes migrantes en permettant à celles d’entre elles qui disposent d’un passeport en cours de validité de demander des cartes de séjour.
Pourtant, ces notes d’optimisme ne semblent pas être partagées par certains ONG qui sonnent le tocsin. C’est le cas de l’Observatoire du Nord des droits de l’Homme (ONDH) qui vient de rappeler le risque d’un retour éventuel des pateras vu les mesures sécuritaires rigoureuses déployées par le Maroc et l’Espagne autour des présides occupés de Sebta et Mellilia. Un communiqué de l’ONDH a indiqué à ce propos que plusieurs migrants irréguliers ont révélé que ces embarcations de la mort demeurent aujourd’hui le seul moyen pour rejoindre l’Europe vu la pression et le contrôle des autorités marocaines.
Mohamed Ben Aissa, président de l’ONDH nous a précisé, par ailleurs, que plusieurs migrants en situation irrégulière ne semblent pas avoir été intéressés par l’opération de régularisation. Pour eux, le Maroc n’est qu’un pays de transit. D’autres migrants n’ont pas hésité à afficher leur souhait de retourner à leurs pays d’origine en contrepartie d’un billet d’avion et de rétributions financières d’autant qu’ils n’ont plus de biens dans leurs pays d’origine.
23 Décembre 2014, Hassan Bentaleb
Source : Libération