vendredi 22 novembre 2024 10:01

Eric Besson séduit par l'idée d'un serment d'allégeance à la française

Le ministre de l'Immigration et de l'Identité nationale Eric Besson juge "intéressante" l'idée de créer un "serment" que prêteraient les Français atteignant leur majorité et les étrangers accédant à la nationalité française.

Il présentait lundi à la presse un point d'étape du grand débat sur l'identité nationale lancé le 2 novembre. Jusqu'à présent, 227 débats locaux ont déjà eu lieu sur les 313 programmés et 50.000 contributions ont été déposées par les internautes sur le site web prévu à cet effet.

Parmi les suggestions reçues, M. Besson retient "l'idée du serment qui concernerait et les Français atteignant leur majorité et les étrangers accédant à la nationalité française. Je trouve ça intéressant", a-t-il déclaré devant une salle bourrée de journalistes. "Est-ce qu'une partie de la France, sceptique à cet égard, est capable d'entendre, de comprendre l'acte d'amour (...) l'acte de foi que ça représente? Je ne sais pas. Donc il faut le peser".

Traité de "Laval" ou de "Déat" par ses anciens camarades socialistes, le ministre a longuement défendu ce débat sur l'identité nationale, voulu par le président Nicolas Sarkozy. "Le débat n'a pas dérapé", a-t-il affirmé. "La caricature de défouloir raciste n'a pas fonctionné".

La presse avait rapporté plusieurs remarques xénophobes déposées sur le site internet. D'après les services d'Eric Besson, près de 15% des contributions ont été écartées, et ce parce qu'elles étaient hors sujet, insultantes ou racistes. Le chiffre pour les seules remarques xénophobes n'était pas disponible.

Alors qu'associations et intellectuels dénoncent une stigmatisation des étrangers et des musulmans, Eric Besson affirme que "le débat n'est pas focalisé sur l'immigration et l'islam". Cependant, l'institut TNS-Sofres, qui a analysé les 26.000 premières contributions, a trouvé que près d'une sur trois abordait au moins l'un de ces deux thèmes.

La gauche a appelé à boycotter ce débat, avec lequel selon elle l'UMP espère séduire les électeurs du Front national aux régionales de 2010. "Le débat n'est pas accaparé par un parti politique ou par une administration", assure Eric Besson. D'après lui, des élus de gauche étaient présents dans la moitié des débats locaux. Le FN, pour sa part, était présent dans "moins de 20% des débats".

"Ce qui fait le jeu des extrêmes, ce n'est pas le débat, c'est le tabou", a insisté le ministre. "Ce qui fait le jeu des nationalistes, ce n'est pas que nous soyons trop nombreux à parler de la Nation, c'est qu'ils soient les seuls à en parler".

Eric Besson a au passage défendu l'intitulé de son ministère: "L'histoire de l'immigration, de l'intégration, est constitutive de l'identité nationale française. Nier cela, c'est une aberration. Nier le lien entre immigration et identité nationale, c'est nier toute l'histoire de France et c'est nier toute son actualité". Et de rappeler que l'Hexagone accueille 200.000 étrangers et en naturalise 110.000 chaque année, et que 30% des mariages sont mixtes.

Le ministre a ajouté que son directeur de cabinet lui avait offert à Noël une clef USB contenant les 50.000 premières contributions des internautes - "que j'ai lues une par une", a-t-il dit, "pour être bien certain de m'imprégner de ce débat".

Le président Sarkozy n'aura pas à passer par là car une synthèse des débats lui sera prochainement présentée. Ensuite, il s'exprimera sur le sujet au cours de la première quinzaine de février. Lors de ses voeux, le chef de l'Etat avait exhorté les Français à être "capables de débattre sans (se) déchirer, sans (s') insulter, sans (se) désunir".

"Il serait bien que le ministre de l'Identité nationale et de l'Immigration parvienne à clore très rapidement ce chapitre", a de son côté souhaité Benoît Hamon, porte-parole du PS. "C'est un très mauvais épisode", a-t-il jugé lors d'un point presse rue de Solférino. "Aujourd'hui, tout le monde s'accorde à considérer que c'est un raté et que l'opération de diversion qui était celle du gouvernement a eu davantage d'effets négatifs qu'autre chose, notamment sur le fait de stigmatiser des populations entières".

Source : Le Nouvel Observateur

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