dimanche 24 novembre 2024 10:02

Adil El Arbi, un symbole de l’intégration marocaine en Flandre

Le réalisateur maroco-belge est désormais le plus jeune lauréat de l’émission flamande «L’homme le plus intelligent du monde».

A 26 ans, Adil El Arbi, un réalisateur maroco-belge, est désormais une star en Belgique. La semaine dernière, il est devenu, devant plus d’un million et demi de téléspectateurs, le plus jeune lauréat de la célèbre émission de télévision «Het Slimste Mens ter Wereld», traduire : «L’homme le plus intelligent du monde», programmé sur la chaîne flamande, Vier. En finale contre le producteur et scénariste belge, Bart De Pauw, El Arbi a remporté ce jeu qui teste les capacités intellectuelles et la culture générale des candidats, grâce à sa concentration et sa résistance au stress.
Dans un entretien accordé à la RTBF, Adil El Arbi confie que sa participation à ce programme était, au tout début, motivée par l’envie de promouvoir son nouveau film, « Image », méconnu du grand public. «Ce qui m'a donné envie, c'était qu'Image sortait en même temps que ma participation à «De Slimste Mens ». Nous avions un budget très limité (...), je me suis dit que si je faisais une seule émission, les gens sauraient qu'il y a un film qui s'appelle Image», explique le jeune réalisateur. «Et puis, dit-il, en général en Flandre quand on parle des Marocains, c’est très souvent dans un contexte négatif. Maintenant il y a un million et demi de personnes qui ont vu un Marocain gagner à un jeu télévisé».
«Image», réalisé avec Bilal Fellah et sorti le 5 novembre dernier, est un thriller avec en toile de fond les difficultés sociales à Bruxelles et les tensions entre communautés. L’histoire d’une journaliste ambitieuse qui travaille pour l'équipe de télé du légendaire Herman Verbeeck. Elle est déterminée à boucler un documentaire sur les quartiers chauds de Bruxelles. Alors que la violence se répand dans la ville entière, elle rencontre Lahbib, un Marocain avec un passé trouble qui l'emmène dans son monde rude et complexe…

Pour Adil El Arbi, ce film qui est une façon de dénoncer les stéréotypes qui ont la peau dure dans les médias et de véhiculer une nouvelle image des immigrés. «On avait l’impression que chaque fois qu’on parle de jeunes immigrés, de Marocains, ça avait une connotation négative. Il fallait faire un film sur le sujet pour montrer l’envers du décor. Le personnage principal n’est pas qu’un criminel, mais il a également un côté très doux», explique-t-il, tout en soulignant que «ces stéréotypes sont véhiculés par les médias, où l’information est devenue un produit comme un autre qu'il faut vendre et où le scoop a pris le dessus sur la réalité et la recherche de la vérité».

Dans «Black», son prochain film, Adil explique à la RTBF qu’il s’est intéressé au phénomène des bandes urbaines à Bruxelles, une sorte de gangs violents. «Un phénomène réel qui existe depuis quelques années et qui est spécifiquement bruxellois», précise le jeune réalisateur.
«Ces derniers temps, ce phénomène s’amplifie et on compte, aujourd’hui quelques 35 bandes urbaines », explique El Arbi, tout en soulignant que les tensions dans la capitale et l’accroissement de la pauvreté sont les principales causes de la perte de repères pour beaucoup de jeunes qui finissent par se réfugier au sein de ces bandes.

24 Décembre 2014, Mehdi Ouassat

Source : Libération

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