C'est l'affirmation du président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde, qui parle ici des problèmes de radicalisation derrière les murs de la prison. C'est vrai, et c'est pour le moins étonnant.
"L'an dernier, je crois que c'est une vingtaine d'aumôniers musulmans qu'on a mis dans les prisons, où on sait qu'il y a des lieux de radicalisation, ou d'auto-radicalisation là aussi. 20, sur le nombre de milliers de prisonniers qu'il existe c'est ridicule". Voilà l'affirmation de Jean-Christophe Lagarde, député de Seine-Saint-Denis et président de l'UDI. Une affirmation exacte.
En effet, selon les derniers chiffres disponibles auprès de l'Administration pénitentiaire (AP), on en compte 183 aujourd'hui. Au 1er janvier 2013, ils étaient 164. Pendant ce temps, le nombre d'aumôniers catholiques s'établit lui à près de 700. Une différence qui interroge, compte tenu de l'actualité internationale favorable à la radicalisation dans les prisons, où l'on sait que certains prisonniers se rapprochent de l'islam le plus dur.
Manque de moyens, manque d'efforts
Selon plusieurs spécialistes que nous avons pu interroger, cette différence ne peut s'expliquer. Surtout quand on sait que la religion protestante, franchement pas la plus représentée dans les cellules françaises, dispose de deux fois plus d'aumôniers que les musulmans. Mais il est impossible, cependant, de chiffrer le nombre de détenus musulmans : c'est interdit par la loi, en France. Guillaume Larrivé, en octobre dernier, avait rendu un rapport, dans lequel le député UMP établissait la proportion à 60 %. une extrapolation, en fait, des estimations d'un chercheur, Farhad Khosrokhavar. Malgré tout, plusieurs sources estiment que les détenus musulmans représentent une grosse partie des quelque 67.000 prisonniers français.
Les raisons de ces difficultés sont diverses. Il faut savoir d'abord que la formation des aumôniers musulmans est partagée entre l'institut Al-Ghazali de la mosquée de Paris, et l'Institut catholique. Mais cela n'empêche pas les problèmes de recrutement, les difficultés financières, ou même les conflits confessionnels à l'intérieur-même de la religion musulmane. Sans compter que beaucoup de ces aumôniers exercent bénévolement, et ceux qui sont salariés n'ont pas de statut professionnel, contrairement aux aumôniers hospitaliers et militaires.
24 décembre 2014, Yann Bertrand
Source : franceinfo