"Les étrangers au pays des Vikings" est le titre choisi par l'écrivaine marocaine Zakia Khairhoum pour sa collection de nouvelles qui retrace la vie quotidienne des diasporas en Norvège, un pays qui se différencie géographiquement et culturellement du reste de l'Europe.
Cette lauréate d'un master en littérature anglaise de l'Université Saint Francis College, raconte dans ses nouvelles des histoires et témoignages de la vie des étrangers, en particulier des Arabes et Musulmans, dont la présence ne cesse de croitre en Norvège depuis l'essor économique des années soixante.
Les personnages de Zakia Khairhoum sont profondément inspirés de personnalités réelles résidant dans un pays à l'héritage des Vikings, ces explorateurs, commerçants, mais aussi pirates scandinaves (Norvège, Suède, Danemark et Islande) qui ont mené au cours d'une période s'étendant du huitième au onzième siècle plusieurs guerres contre des peuples européens.
Dans une déclaration à la MAP, la nouvelliste marocaine a indiqué que ses ouvrages jettent une lumière crue sur "notre vie comme des étrangers, toutes races, religions et couleurs confondues, et présente des images de notre quotidien dans la société scandinave et des aspects d'intégration ou de séparation".
Il s'agit de "dévoiler les attitudes des gens, peu importe leurs nationalités, et leurs comportements individuels positifs ou négatifs, de parler de l'être humain en Occident ou en Orient et d'évoquer le mal et le bien", a souligné Zakia Khairhoum, également membre du syndicat des écrivains norvégiens.
Pour cette ancienne enseignante de la langue française à l'école Urtehagen Skole à Oslo, ces nouvelles mettent en évidence les aspects contradictoires de la nature humaine.
"Il y a beaucoup de facteurs ayant une influence sur l'être humain qui devient, qu'il le veuille ou non, un ambassadeur de son pays", a ajouté celle qui a travaillé dans le centre culturel irakien en Norvège (1996) avant d'être nommée vice-présidente du Forum arabe à Oslo en 1997.
Cette influence ne se fait pas de jour au lendemain, a-t-elle argué, d'où la nécessité de décrire en détaille les vues naturelles diverses et les conditions climatiques difficiles en Norvège où il fait d'habitude plus froid que d'autres régions en Europe, étant donné que le pays nordique est proche du Pôle Nord.
Parmi les titres de cette collection de 17 nouvelles de Zakia Khairhoum figurent "La tempête", "La neige rouge", "Analina est perdue", "La chaussure du président", "Christina", "Le Faucon sauvage", "Ce pays est ma patrie" et "Le train de liberté", entre autres.
"Ce sont des histoires à dimension purement humaine tellement que le lecteur pourrait s'identifier aux personnages de ces nouvelles dans leurs sensations d'aliénation, d'exil, d'envie, de joie , d'échec et de tristesse", a souligné l'écrivaine marocaine, qui était en 2004 une conseillère auprès du Centre culturel norvégien pour recommander les ouvrages arabes à traduire.
Cette collection, publiée par la Maison d'édition et de distribution jordanienne Al Karmal, a montré sans conteste à quel point Zakia Khairhoum a réussi à rendre vivante et attachante les lieux et personnages de ses nouvelles dans une région connue pour son climat cruel et froid et sa culture et mode de vie carrément particulier.
Aux yeux de cette intellectuelle maroco-norvégienne, "la vie de l'être humain n'est qu'un voyage qui pourrait être à l'intérieur de la patrie ou bien ailleurs", tout en admettant que l'Homme pourrait sentir l'aliénation dans les deux cas. "Reste que sa vie, sa souffrance et ses expériences façonnent sa personnalité dans la société où il vit", a-t-elle conclu.
07 janv. 2015, Jamaleddine Benlarbi
Source : MAP