Au lendemain de la manifestation record à Dresde contre l'islam, la chancelière allemande Angela Merkel a déclaré mardi que son gouvernement ferait tout pour lutter contre l'intolérance, la xénophobie et les discriminations.
Près de 25.000 personnes ont manifesté lundi soir à Dresde à l'appel du Pegida, le mouvement des Européens patriotes contre l'islamisation de l'Occident qui réclame depuis plusieurs semaines un durcissement de la politique d'immigration et la fin du multiculturalisme en Allemagne.
Selon les chiffres de la police, les contre-rassemblements organisés le même jour en Allemagne ont attiré quatre fois plus de personnes, mais la participation des Pegida à Dresde était une nouvelle fois en augmentation, avec 7.000 personnes de plus que le lundi précédent. Ils voient dans les attaques djihadistes de la semaine dernière à Paris une confirmation de leurs thèses.
Mais pour Angela Merkel le mouvement Pegida est porteur de xénophobie et d'intolérance contraires aux valeurs de l'Allemagne. "Ce que nous devons faire à présent, c'est utiliser tous les moyens à notre disposition pour combattre l'intolérance et la violence", a-t-elle déclaré lors d'un discours prononcé mardi à Berlin.
"Exclure des populations en raison de leur foi ou de leur origine n'est pas digne de l'Etat libre dans lequel nous vivons. Ce n'est pas compatible avec nos valeurs essentielles. Et c'est humainement condamnable", a-t-elle dit.
"La xénophobie, le racisme, l'extrémisme n'ont pas de place ici", a-t-elle ajouté.
Ce discours est l'une des condamnations les plus fermes que Merkel ait opposée aux organisateurs de ces rassemblements hebdomadaires, contre lesquels elle s'était déjà plusieurs fois élevée. Lundi, quelques heures avant la nouvelle manifestation de Dresde, la chancelière avait déclaré que l'islam était une composante essentielle de la culture de l'Allemagne.
Elle devait participer mardi dans la soirée près de la porte de Brandebourg à une veillée à la mémoire des 17 victimes des attaques djihadistes menées la semaine dernière à Paris et Montrouge (Hauts-de-Seine).
D'après un sondage récent publié par la Fondation Bertelsmann, 57% des Allemands interrogés n'étant pas de confession musulmane ont répondu se sentir menacés par l'islam.
Et les discours de Merkel ne font pas l'unanimité au sein de son parti, l'Union chrétienne-démocrate (CDU). "De quel Islam parle-t-elle ? Cela inclut-il les courants islamistes et salafistes fondamentalistes ?", s'est ainsi interrogé le député CDU Wolfgang Bosbach. "L'Allemagne a une tradition culturelle judéo-chrétienne, pas islamique."
13 janv. 2015, Henri-Pierre André pour le service français
Source : Reuters