5.330 est le nombre de migrants irréguliers sauvés en mer par les secours marocains et espagnols en 2014, a révélé Ana Pastor, ministre espagnole de l’Equipement, mercredi dernier.
Présentant le bilan des activités de sécurité et de sauvetage maritimes au Centre de coordination de sauvetage à Tarifa, elle a indiqué que 3.500 migrants irréguliers ont été ramenés en Espagne et 1.830 au Maroc tout en précisant que le nombre de personnes secourues par ses services a augmenté de 55% par rapport à 2013 (2.253 cas).
Pourtant, ces chiffres ne semblent pas convaincre certains acteurs associatifs spécialisés en matière de défense des droits des migrants. Abdelkhalek Al Hamdouchi, président de l'Association Pateras de la vida, estime que ces statistiques sont exagérées puisque l’année 2014 a enregistré un nombre limité de tentatives de passage en embarcations de fortune vers l’Espagne. « Ce chiffre reste improbable vu que pareilles d’embarcations affluent vers l’Espagne une fois tous les 15 jours et parfois tous les trois mois et qu’elles transportent chacune près de 30 personnes. Si on fait les calculs, on aboutira à un chiffre qui ne dépassera pas les 800 personnes », nous a-t-il précisé. Pour lui, la confusion qui entoure les statistiques avancées par la ministre espagnole provient de la définition que les autorités ibériques donnent aux opérations de sauvetage. «On se demande ce que referme cette définition. S’agit-il d’opérations de sauvetage menées en pleine mer par des hélicoptères ou de l'ensemble des opérations de localisation et de secours aux personnes en situation de détresse», nous a-t-il indiqué.
Le président de Pateras de la vida va plus loin. Il nous a déclaré que les tentatives de passage des embarcations de fortune vers l’Espagne ont diminué ces dernières années. «Ce phénomène est en nette régression et cela s’explique par trois facteurs, à savoir l’arrêt des opérations de régularisations massives des migrants en Espagne, la crise économique en Europe et la volonté de certains migrants de s’installer au Maroc», nous a-t-il expliqué.
Des propos que partagent d’autres acteurs associatifs qui estiment que les trois dernières années ont été marquées de plus en plus par l’augmentation du nombre de tentatives de franchissement des barrières qui séparent le Maroc des présides occupés de Mellilia et de Sebta. Il ne se passe pas un mois sans que des centaines de migrants irréguliers tentent de forcer ce passage en enjambant la grille métallique. Certaines sources parlent de 500 migrants subsahariens, d’autres évoquent près de 700 voire plus de 1.000 par tentative. Un rapport de l'agence Frontex chargée du contrôle des frontières extérieures de l'Union européenne, publié en mai 2014, a révélé que près des deux tiers des opérations de détection des passages illégaux de frontières ont été signalées à Sebta et Mellilia. L’année 2013 a enregistré 6.838 détections, soit une augmentation de 441 cas par rapport à 2012 qui en a enregistré 6.397.
Des chiffres qui contrastent avec ceux avancés par Madrid qui a révélé que plus de 7.472 migrants ont tenté d’entrer en Espagne en 2013 et que le nombre de clandestins qui sont parvenus à entrer à Sebta et Mellilia a augmenté de près de 50% à cause notamment de la réduction de 15% des arrivées par les côtes (Canaries, Baléares et Détroit de Gibraltar).
16 Janvier 2015, Hassan Bentaleb
Source : Libération