La Ville de Paris projette de créer des structures d’accueil pour les mineurs étrangers isolés, a annoncé Dominique Versini, adjointe à la mairie de Paris, chargée de la protection de l’enfance, lundi 26 janvier.
Entre le moment où un mineur isolé étranger arrive à Paris et celui où il est pris en charge par les services sociaux, il devrait légalement se passer au maximum cinq jours, le temps de vérifier sa minorité. En réalité, il se passe plusieurs mois pendant lesquels le mineur ne dispose pas d’un logement pérenne et se trouve parfois en situation de grande précarité.
Lorsqu’un jeune étranger arrive à Paris, il passe d’abord par la Permanence d’accueil et d’orientation des mineurs isolés étrangers (Paomi). En France, les services de l’aide sociale à l’enfance, gérés par les départements, ont l’obligation de prendre en charge les mineurs, avec ou sans papier. Les adultes majeurs, s’ils sont en situation irrégulière, sont quant à eux expulsables. A la Paomi, l’enfant raconte son parcours et ses papiers d’identité sont vérifiés. A l’issue de cet entretien, une première évaluation est livrée : il est plutôt mineur ou plutôt majeur. Le dossier est ensuite transmis à la justice, qui tranche.
Vingt euros par semaine
En attendant la décision, ces jeunes sont laissés dans la précarité. Ils dorment dans des gymnases ou dans des hôtels, seuls. Et l’aide sociale à l’enfance leur verse environ 20 euros par semaine en liquide. « Nous ne voulons plus cela car nous avons remarqué qu’il y avait des réseaux autour de ces jeunes », a expliqué Dominique Versini. Un appel à projet a donc été lancé mi-décembre. Il devrait être présenté en mars. L’idée serait de créer un accueil de jour pour environ 150 jeunes qui offrirait des repas, la possibilité de faire une lessive ou de se laver ; des services suffisants pour ne plus avoir à verser de l’argent aux migrants et surtout leur permettre de rompre leur isolement.
L’appel à projet comporte également la création d’une structure de nuit d’environ 25 places pour les plus vulnérables. « On veut qu’il y ait un adulte pour les encadrer et ne pas les laisser seuls. L’objectif, c’est de mettre ces jeunes à l’abri », a détaillé l’élue.
Et surtout, d’accélérer le processus entre l’évaluation de la Paomi et la décision de justice. Car c’est cette période qui pose problème. Paris accueille 1 700 mineurs isolés étrangers, soit un tiers de l’ensemble du pays. En décembre 2014, dix travailleurs sociaux supplémentaires avaient été recrutés. « Notre objectif c’est de rentrer dans le délai de cinq jours d’ici mars », a expliqué Mme Versini.
« Cela ne règlera pas les problèmes de fonds, s’est étonnée Brigitte Wieser, de Réseau éducation sans frontières Paris (RESF). Que ça aille plus vite et qu’ils soient encadrés, c’est très bien, mais ce qu’on veut, c’est que ces jeunes ne soient pas mis dehors le jour de leurs 18 ans en pleine année scolaire ».
La Mairie de Paris doit faire des annonces aux associations le 2 février. « On nous a promis une remise à plat du dispositif », glisse, sceptique, Brigitte Wieser.
26.01.2015
Source : Le Monde