dimanche 24 novembre 2024 09:00

Immigration : épineuse question dans une Europe multiple

Un business juteux et des problèmes humanitaires sans précédent. Depuis septembre 2014, une douzaine de cargos pleins à craquer de migrants en exil se sont échoués en Méditerranée.

Avec pour conséquence une Union européenne dépassée à ses frontières. Le dernier épisode date du 31 décembre où 900 migrants ont été sauvés alors que le cargo laissé à l’abandon par l’équipage fonçait vers les côtes italiennes. Outre l’île italienne de Lampedusa, assaillie de candidats à l’exil, les enclaves espagnoles de Melilla et Ceuta, situées en Afrique, sont sous la pression d’assauts de migrants africains. Les pays qui assurent les frontières de l’Espace Schengen (Italie, Espagne, Grèce) en appellent à l’aide. Près de 170 000 migrants ont été secourus en mer en 2014.

De ce fait, la question de l’immigration sera au cœur des préoccupations des dirigeants européens, appelés à l’aide principalement par l’Italie, débordée. Le Parlement européen s’est saisi de cette question dès la première séance plénière de l’année le mardi 13 septembre. Avec pour fil conducteur cette volonté d’étudier en profondeur les itinéraires empruntés par les trafiquants et les moyens financiers et humains de l’agence Frontex. Un nouveau programme européen concernant les migrations est à l’étude.

L’impuissance de l’Europe

Sans réelle politique d’immigration, les États membres naviguent à vue. Dimitris Avramopoulos, Commissaire européen en charge des migrations, demande une action coordonnée. Sans quoi, l’Union européenne sera encore spectatrice des assauts des candidats à l’exil. La question de l’immigration est éminemment politique et enflamme les pays. Mardi 13 septembre, le premier ministre hongrois Viktor Orban a demandé que l’immigration soit stoppée en Europe. En décembre, François Hollande, prônant une France fière de ses immigrants, et David Cameron, souhaitant freiner l’immigration européenne, s’étaient opposés sur cette question. Angela Merkel a, début janvier, rappelé à son homologue britannique sa volonté de maintenir la libre circulation des personnes, remise en question par Cameron.

+138 % en 2014

2014 a vu le développement du commerce très lucratif du trafic des migrants. L’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) estime que l’immigration clandestine par voie maritime a généré un chiffre d’affaires de 5,8 milliards € en 2014. Le récent conflit en Syrie a révélé une criminalité mieux organisée encore. De nombreux Syriens, prêts à tout pour fuir leur pays en guerre, pouvaient dépenser plus de 5 000 € pour atteindre l’Europe. Sur les 276.000 migrants irréguliers entrés dans l’UE en 2014, 207.000 sont entrés en franchissant la Méditerranée. Soit une augmentation de 138 % par rapport à 2013.

L’inefficacité, voire l’inexistence, d’une politique d’immigration européenne fait le jeu des populismes européens. Et les dirigeants européens ont de plus en plus de mal à faire accepter les effets bénéfiques d’une immigration qui a pourtant, dans le passé, fait la richesse du continent européen. Comment en effet tenir un discours cohérent au sein de l’Union européenne quand certains dirigeants européens prônent à présent le repli ? Une équation que les Vingt-Huit États membres vont tenter en 2015, sans aucune certitude d’y parvenir.

27/1/2015, Stéphanie DEMANDRILLE

Source : actumag.info

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