Le Québec doit éviter de sombrer dans l’islamophobie, a dit en substance la ministre de l’Immigration, Kathleen Weil, mardi, à la veille d’entreprendre une série de consultations publiques qui mènera à une importante réforme de la politique québécoise en matière d’immigration et de la loi qui l’accompagne.
Malgré les craintes soulevées par les attentats terroristes reliés au radicalisme islamique survenus en France récemment, le Québec doit se garder de stigmatiser la communauté musulmane, a-t-elle fait valoir mardi, en point de presse, en marge d’une réunion des députés libéraux qui préparent la prochaine rentrée parlementaire.
«Il faut être très attentif à ça. On va beaucoup parler de ça pendant la consultation», a commenté la ministre Weil.
Dans le contexte mondial actuel, il faut éviter «de stigmatiser les minorités, notamment les communautés musulmanes», a-t-elle ajouté.
«Toutes les sociétés occidentales, toutes les sociétés d’immigration font face à ce défi», à l’heure actuelle, où on observe une montée de l’attrait pour le radicalisme religieux.
La sélection des immigrants constituera un des enjeux de cette consultation, notamment eu égard à la provenance des personnes recrutées.
Or, de tous les nouveaux arrivants qui convergent vers le Québec chaque année, des milliers sont de confession musulmane.
La ministre a noté que le Québec pouvait s’enorgueillir de présenter la plus grande diversité au Canada quant à la provenance des immigrants, recrutés sur tous les continents. Mais c’est l’Afrique – au premier chef le Maghreb – qui constitue le principal bassin de recrutement.
De 2009 à 2013, un immigrant sur cinq (21 pour cent) provenait d’Algérie ou du Maroc.
Parmi la cinquantaine d’intervenants appelés à se prononcer sur les éléments à privilégier dans la future politique d’immigration au cours des prochaines semaines, figurent notamment l’Association des musulmans et des arabes pour la laïcité au Québec, le spécialiste du monde arabe et de l’islam, Rachad Antonius, professeur de sociologie à l’UQAM et le Congrès maghrébin du Québec.
Le Québec doit continuer à se bâtir notamment par l’immigration «de façon inclusive», avec le souci d’éliminer les barrières et les préjugés, a soutenu Mme Weil, qui entend mettre l’accent sur l’intégration en emploi.
Chaque année, entre 50 000 et 55 000 étrangers (51 959 en 2013) s’installent au Québec.
27 janvier 2015, Jocelyne Richer
Source : journalmetro/La Presse Canadienne