Plus de dix ans après le 11-Septembre, une majorité d'Américains continuent de confondre un sikh enturbanné avec un musulman, selon une étude américaine publiée lundi.
Quelque 60% des Américains ayant répondu à cette étude commandée par l'association National Sikh Campaign, admettent ne rien savoir sur les sikhs qui vivent, étudient ou travaillent à leurs côtés.
Interrogés sur les origines d'un vieux sikh portant un turban rouge, 28% des personnes ont pensé qu'il était originaire du Moyen-Orient et 20% affirmé qu'il devait être musulman.
Environ 35% ont dit qu'il venait d'Inde, ou du moins ses aïeux. Seuls 11% l'ont identifié comme sikh.
Sur une autre photo, 20% ont décrit comme venant du Moyen-Orient une jeune femme avec des cheveux aux genoux (la religion sikh interdit de couper les cheveux chez les femmes comme chez les hommes). Personne n'a deviné qu'elle était en réalité sikh.
"Nous faisons partie de l'identité américaine et pourtant personne ne nous connaît vraiment ni ne nous comprend", confie Rajwant Singh, fondateur de la National Sikh Campaign. "Franchement nous sommes fatigués d'être pris pour cible et nous voulons être compris".
Les premiers sikhs ont émigré aux Etats-Unis il y a un siècle fuyant l'Inde britannique. Ils sont entre 200.000 à 500.000 aujourd'hui aux Etats-Unis.
Après les attentats du 11-Septembre, cette communauté monothéiste qui prône la non-violence et la gentillesse envers autrui, a été prise pour cible dans des attaques, parfois sanglantes, d'Américains qui pensaient que toute personne enturbannée devait être musulmane et donc punie.
Balbir Singh Sodhi, propriétaire d'une station service dans l'Arizona (sud-ouest), fut ainsi tué quatre jours après les attentats en 2001 par un Américain qui affirmait à la ronde vouloir "se faire des enturbannés" en représailles.
En août 2012, un ancien combattant suprématiste signe la pire attaque dans un lieu de prière depuis celle de 1963 dans une église de l'Alabama (sud): il tue six personnes et en blesse quatre autres dans un temple sikh à Oak Creek dans le Wisconsin (nord).
Jaswant Singh Sachdev, un notable parmi les sikhs d'Arizona déplore l'époque où les sikhs étaient considérés comme des "aristocrates" aux Etats-Unis. Tout a changé selon lui après la crise iranienne des otages entre 1979 et 1981, quand les sikhs commencèrent à être confondus avec le clergé chiite iranien.
L'étude, commandée par des sikhs pour réveiller l'opinion américaine, a été réalisée auprès de 1.144 Américains non-asiatiques entre août et septembre 2014 par internet. Elle est consultable sur ce site www.sikhcampaign.org.
27 janv. 2015
Source : AFP