dimanche 24 novembre 2024 06:51

Bruxelles dans la littérature marocaine

"Bruxelles, la marocaine" est l’intitulé d’un ouvrage collectif  paru récemment  aux éditions Le Fennec. Il s’agit en effet d’une anthologie sur Bruxelles. Dans ce cadre, le poète Taha Adnan a sollicité un parterre de poètes marocains qui ont écrit sur la ville ; certains sont résidents et bien d’autres de passage. Ce sont des rapports créatifs tracés par les mots afin de «rendre à la ville sa dimension humaine ». Les propos.

Al Bayane : Tout d’abord, d’où est venue cette idée d’écrire un ouvrage collectif sur Bruxelles ?

Taha Adnan : C’est une idée et aussi un souhait qui n’ont cessé de me hanter des années durant. Faute d’avoir moi-même écrit un livre sur la ville, je me suis depuis longtemps mis à la traquer dans les écrits des autres. Des auteurs, de divers horizons et de sensibilités variées, en dépit de leurs rapports différents à la ville, ont imprimé à cette dernière leur créativité ; elle devient du coup partie intégrante de leur parcours littéraire. C’est ma façon d’adhérer à Bruxelles. Une adhésion créative qui commence par la reproduction de celle-ci…C’est ce qui m’a motivé personnellement pour préparer cet ouvrage collectif sur Bruxelles raconté par des écrivains marocains. Je trouve que la littérature arrive toujours à rendre à la ville sa dimension humaine.

Comment avez-vous vécu cette expérience d’orchestrer une collection de plumes marocaines  assez riche que diversifiée ?

J’ai sollicité la plume de quelques écrivains et retenu des textes déjà disponibles d’autres… Certains d’entre les auteurs sont de passage, d’autres des résidents, d’autres encore sont issus de l’immigration. Chacun d’eux «bruxelle» à sa manière. Et chacun raconte la ville dans son propre style et sa propre langue d’écriture, suivant des cartographies subjectives, personnelles ou intimes. Le livre n’est pas pour autant un guide touristique, comme il y en a tant dans toutes les langues. C’est, en filigrane, la trace de la ville dans une littérature marocaine transgéographique qui traduit un fervent désir personnel de réaliser une œuvre collégiale consacrée à Bruxelles.

Pourtant Bruxelles n’est pas très présente dans la littérature marocaine ou arabe en général ?

 Absolument, si Paris par exemple a trouvé le chemin du roman arabe contemporain dès 1953 avec Le Quartier latin du Libanais Suhayl Idris, bientôt suivi de Londres avec La Saison de la migration vers le Nord du Soudanais Tayeb Salih, il reste que le premier roman arabe ayant Bruxelles pour cadre ne verra le jour qu’en 2009 avec Pure éternité, premier opus du Marocain Allal Bourqia.

Même si cela n’a pas empêché Bruxelles d’étendre son ombre et de planter quelques pousses dans les jardins de la littérature marocaine, à travers des poèmes, des nouvelles et des récits qui ont fait don à la littérature marocaine de son « propre Bruxelles ».

Aurez-vous une signature lors du salon international du livre et de l’édition de Casablanca qui se tiendra le mois prochain ?

Il y a déjà une première séance de dédicace sur le stand de l'éditeur (Le Fennec) le samedi 14 février à partir de 16h30. Le samedi d’après, le 21 février, une autre séance de dédicace est prévue de 17h à 18h sur le stand de la Délégation Wallonie-Bruxelles suivie d’une présentation du livre sur le stand du Ministère de la Culture de 18h à 19h30.

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Taha Adnan est un poète belgo-marocain. Né en 1970 à Safi, il a grandi à Marrakech et réside depuis 1996 à Bruxelles où il travaille à la Fédération Wallonie-Bruxelles. Cofondateur de la revue « L'Algarade poétique » dans les années 90, il coordonne le Salon littéraire arabe de Bruxelles et les soirées de poésie d’amour arabe « Ghazal » en Belgique. Il est membre de l’Union des écrivains du Maroc et du Collectif de poètes bruxellois.

En 2003, son premier recueil de poèmes est édité par le Ministère de la culture au Maroc. Une traduction française de ses poèmes « Transparences » parait en 2006 aux éditions L'Arbre à Paroles à Liège. Son recueil « Akrah al-hob » est paru chez Dar Nahda à Beyrouth en 2009, puis dans une traduction française «Je hais l’amour» à Casablanca en février 2010 et espagnole « Odio el amor » au Costa-Rica en avril de la même année.

« Marokkaans alsjeblieft », des extraits traduits de son roman en écriture sont parus en 2012 dans un Bookleg aux éditions bruxelloises maelstrÖm. Son texte de théâtre « Bye Bye Gillo » a remporté le deuxième prix au Concours international du monodrame arabe des Emirats en 2011. Ensuite, il a été parmi trois textes sélectionnés par le projet européen Dramaturgie arabe contemporaine. Il est monté et présenté par le théâtre palestinien Al-Harah dans le programme officiel de Marseille-Provence, Capitale européenne de la culture 2013. Il est paru en 2013, dans une publication bilingue arabe-français, aux Editions Elyzad à Tunis. Il vient de publier un ouvrage collectif « Bruxelles, la marocaine » aux éditions Le Fennec ; une excursion littéraire dans la capitale européenne.

Bibliographie

Bruxelles, la marocaine (Le Fennec, Casablanca 2015)

Bye Bye Gillo (Elyzad, Tunis 2013)

Marokkaans alsjeblieft (maelstrÖm, Bruxelles 2012)

Je hais l’amour (Le Fennec, Casablanca 2010)

Transparences (L’Arbre à paroles, Liège 2006)

2/2/2015, Mohamed Nait Youssef   

Source : Al Bayane

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