Le nombre des demandes ayant reçu un avis favorable dans le cadre de l'opération exceptionnelle de régularisation des étrangers au Maroc, qui a pris fin le 31 décembre dernier, s'est élevé à 17.916, sur un total de 27.332 demandes, soit un taux de satisfaction de 65 pc, a annoncé, lundi à Salé, le ministre délégué auprès du ministre de l'Intérieur, Cherki Drais.
S'exprimant lors d'une conférence de presse consacrée à la présentation du bilan quasi-définitif de cette opération exceptionnelle, M. Drais a souligné que les demandes présentées par les femmes et les enfants, de l'ordre de 10.178, ont été acceptées à raison de 100 pc.
Cette opération, lancée officiellement en novembre 2013, a bénéficié à des ressortissants issus de 116 nationalités, à leur tête les Sénégalais (6600), suivis des Syriens (5250), des Nigérians (2380) et des Ivoiriens (2281), a précisé M. Drais.
La région Rabat-Salé-Zemmour-Zaër figure en tête des régions du Royaume en termes de réception de ces dossiers, avec 8198 demandes (29.99 pc), suivie du Grand Casablanca avec 6363 (23.28 pc), de l'Oriental avec 2730 (9.99 pc) et de Fès-Boulemane avec 2686 (9.83 pc).
Cette opération a atteint largement les résultats escomptés, puisqu'elle a concerné plus de 90 pc des immigrants illégaux au Maroc, alors que les estimations tablaient sur un effectif estimé à entre 25.000 et 30.000 migrants, a-t-il indiqué, ajoutant que ces résultats ont été réalisés grâce à l'approche participative adoptée lors des différentes phases de préparation et d'exécution de cette stratégie nationale et à la faveur, notamment, de la conjugaison des efforts de tous les départements ministériels concernés à savoir les ministères de l'Intérieur, celui chargé des Marocains résidant à l'Etranger et des affaires de la migration, des Affaires étrangères et de la Coopération et la Délégation interministérielle aux droits de l'homme (DIDH), outre les institutions constitutionnelles à l'instar du Conseil national des droits de l'Homme et des acteurs associatifs.
Pour M. Drais, l'année 2014 a constitué, en fait, un tournant majeur en matière de gestion des affaires migratoires, grâce, notamment, aux orientations de SM le Roi Mohammed VI et à la mobilisation du gouvernement à donner corps à cette nouvelle politique, via des approches en phase avec l'évolution de cette problématique et qui prennent en considération la profondeur africaine du Maroc et ses engagements internationaux en matière de protection des droits des réfugiés et des immigrants.
Cette opération reflète, également, l'image de l'administration marocaine moderne tant sur le plan de l'organisation, que d'accueil, d'orientation ou de communication, s'est-il félicité.
Plusieurs facteurs ont contribué à la réalisation de ces résultats importants, en l'occurrence la formation des commissions locales ayant connu une forte participation des représentants des ONGs, l'adoption d'un système souple afin de déterminer les étrangers en situation illégale au Maroc, la déclaration de l'avis de la commission locale dans un délai maximal de deux mois à compter de la date de dépôt du dossier, l'obligation faite aux dites commissions de justifier leurs décisions outre la création d'un mécanisme de recours, a-t-il encore précisé.
De son côté, le ministre chargé des Marocains Résidant à l'Etranger et des affaires de la migration, Anis Birou a indiqué que l'approche adoptée par son département en coordination avec l'ensemble des départements concernés repose sur quatre objectifs stratégiques, à savoir la facilitation de l'intégration des immigrés régularisés, la mise à niveau du cadre réglementaire, la mise en place d'un cadre institutionnel adapté et la gestion des flux migratoires dans le respect des droits de l'Homme.
Cette vision stratégique s'est traduite à travers 11 programmes d'actions (7 programmes sectoriels et 4 transversaux), lesquels sont détaillés en 27 objectifs spécifiques qui se déclinent, pour leur tour, en 81 actions et projets.
Ces programmes concernent, en effet, l'éducation et la culture, la jeunesse et les loisirs, la santé, le logement, l'assistance sociale et humanitaire, la formation professionnelle, l'emploi, la gestion des flux migratoires et la lutte contre la traite des êtres humains, la coopération et les partenariats internationaux, le cadre réglementaire et conventionnel en plus de la gouvernance et la communication.
S'agissant du plan d'intégration des migrants régularisés, M. Birou a noté qu'une approche partenariale a été adoptée afin de mettre en oeuvre les projets et actions prévus dans ces programmes, à travers la conclusion de conventions de partenariat avec les institutions nationales portant sur plusieurs thématiques, la mise en place d'un cadre de concertation et de partenariat avec les ONGs et les associations et la conclusion d'un accord de financement avec l'Union européenne en vue de promouvoir l'intégration des migrants au Maroc dans les domaines de l'éducation, la santé, l'insertion professionnelle et l'appui à la femme migrante.
Pour sa part, la ministre déléguée auprès du ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Mme Mbarka Bouaida, a mis en avant l'appréciation internationale de la nouvelle politique migratoire du Maroc, soulignant que cette approche est considérée par les partenaires internationaux comme un modèle à suivre.
La réouverture du Bureau des réfugiés et des Apatrides par le ministère a permis de confirmer 549 demandeurs d'asile, dont 168 femmes et 134 mineurs dans leur statut de réfugiés reconnu par le Haut commissariat aux réfugiés, a-t-elle indiqué, précisant qu'une commission ad hoc est en charge de l'examen des cas des demandeurs d'asile syriens.
La promotion du cadre juridique et législatif de l'immigration au Maroc constitue l'un des axes stratégiques de cette nouvelle politique, a, quant à lui, relevé le délégué interministériel aux droits de l'Homme, Mahjoub El Hiba, affirmant que la mise à niveau du cadre juridique en matière d'immigration et d'asile s'est concrétisée à travers l'adoption d'un nouveau système législatif intégré, via l'élaboration de trois projets de loi relatifs à l'immigration, à l'asile et à la lutte contre la traite des êtres humains.
Cette conférence a été marquée par la projection d'un film documentaire réalisé par le ministère de l'Intérieur retraçant le vécu des immigrants dans la région du nord du Royaume et les multiples assauts qu'ils entreprennent pour rallier les présides occupés de Sebta et de Melilia.
A ce sujet, M. Drais a fait état du démantèlement de 105 réseaux spécialisés dans la traite d'êtres humains en 2014, soulignant que les autorités ne toléreront plus, à l'avenir, la constitution de camps illégaux de candidats à l'immigration, en particulier à proximité des présides occupés de Sebta et Melilia.
09 févr. 2015
Source : MAP