Instituée par Benoît XV en 1914, la Journée mondiale du migrant et du réfugié, célébrée dimanche 14 janvier, aura pour thème cette année « Les migrants et les réfugiés mineurs »
Parfois séparés de leurs familles, ou bien ignorants des raisons qui les ont poussés sur les routes de l’exil, vivant très difficilement la situation irrégulière de leurs parents sans-papiers, contraints parfois aussi de jouer le rôle de quasi-tuteurs parce qu’ils s’adaptent plus facilement au pays d’accueil : les enfants et les adolescents vivent bien souvent de manière plus dramatique que leurs aînés l’épreuve de la migration. C’est à ces mineurs que le pape a voulu consacrer, dimanche 14 janvier, la Journée mondiale du migrant et du réfugié.
La France compte ainsi entre 4000 et 6000 mineurs isolés étrangers, selon les chiffres de France Terre d’asile. « Cette journée doit nous aider à ouvrir notre cœur et notre raison » à leur situation, afin de voir comment y répondre personnellement, rappelle dans son message Mgr Claude Schockert, évêque de Belfort-Montbéliard, responsable de la Pastorale des migrants.
Dans les diocèses, elle donnera lieu à des temps de réflexion et des initiatives concrètes. Ainsi à Toulouse, le service diocésain organise un parrainage d’enfants par des enfants, ainsi qu’une table ronde réunissant responsables religieux et autorités locales, pour aboutir à une interpellation des élus au niveau national et européen.
L'Église soutient le droit des États à réguler les flux migratoires
L’année 2009 a cristallisé la question autour des sans-papiers et l’Église a pris position à plusieurs reprises, notamment lors de l’Assemblée plénière des évêques, à Lourdes. Le 15 décembre, Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Lille, et Mgr Gérard Coliche, son auxiliaire, ont apporté leur soutien à Jean-Marie Devulder, diacre poursuivi pour avoir désembourbé un camp de réfugiés afghans près de Dunkerque. Commentant cette situation, Mgr Schockert relève que, « comme le bon samaritain, ce diacre ne s’est pas dérobé au devoir de solidarité ».
Ces prises de position ne font cependant pas l’unanimité, y compris parmi les catholiques. Mgr Schockert ne cache pas qu’il reçoit de nombreux courriers de personnes excédées par l’insistance de l’Église sur la question des migrants. « On me dit que je n’ai qu’à les accueillir tous dans mon évêché, on me taxe de gauchiste, déplore-t-il. Mais si l’Église prend des positions identiques à celles d’un parti ou d’un syndicat, ce n’est pas, pour autant, pour les mêmes raisons. C’est au nom de l’Évangile, car les migrants sont avant tout nos frères en humanité. »
Mgr Schockert souligne néanmoins qu’à côté du droit du migrant, l’Église soutient aussi le droit des États à réguler les flux migratoires. « Nous ne sommes pas des naïfs. Et c’est aussi le bien des personnes que l’on défend en disant cela », insiste-t-il. À titre d’exemple, il entretient de nombreux contacts avec ses homologues africains pour promouvoir le codéveloppement et le soutien mutuel, seuls capables d’endiguer en profondeur les flux migratoires et de redonner un avenir, dans leur pays d’origine, à ces jeunes.
Source : La Croix