Les migrants et les groupes minoritaires ont été de plus en plus ciblés par les violences, précise le rapport, et le nombre de déplacés internes est passé d'environ 60.000 au début de 2014 à 400.000 à la mi-novembre.
La violence endémique et l'anarchie qui règnent en Libye, attisées par une multitude de groupes armés et l'intensification de la crise politique ont des conséquences dramatiques sur la population civile, indique un rapport des Nations Unies sur la situation des droits de l'homme en Libye en 2014, publié mardi.
Selon cette étude rendue publique par le Haut Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme (HCDH), "la violence endémique et l'intensité des combats, y compris dans les deux principales villes du pays, Tripoli et Benghazi, affectent gravement les civils dans leur ensemble et un certain nombre de groupes spécifiques en particulier".
"Au cours de 2014, des civils ont été victimes de tirs d'artillerie et d'attaques aériennes aveugles. Les homicides illégaux et les exécutions sommaires, y compris les assassinats ciblés, étaient monnaie courante", a déclaré le HCDH dans un communiqué de presse, annonçant la publication du rapport, qui sera formellement présenté au Conseil des droits de l'homme de l'Organisation en mars prochain.
Selon l'étude du HCDH, les enfants ont énormément souffert en Libye dans le courant de l'année précédente. Un grand nombre d'entre eux n'ont pas été en mesure de se rendre à l'école dans leurs villes natales, et un certain nombre ont été "tués ou mutilés à leur domicile ou durant des attaques contre des écoles et des hôpitaux".
En plus de ces attaques indiscriminées, le rapport documente de nombreux incidents de "violence ciblée, dont des cas de harcèlement, d'intimidation, de torture, d'enlèvements et d'exécutions sommaires" de défenseurs des droits de l'homme, de militants de la société civile et de journalistes, mais également d'hommes politiques et de membres du pouvoir judiciaire et des forces de maintien de l'ordre.
Le rapport, produit en collaboration avec la Mission d'appui des Nations Unies en Libye (MANUL), décrit également de nombreux incidents de violence à l'encontre des femmes au cours de 2014, y compris des menaces, agressions et meurtres de femmes défenseuses des droits de l'homme, de représentantes politiques et d'autres femmes occupant des fonctions publiques.
Les migrants et les groupes minoritaires ont également été de plus en plus ciblés par les violences, précise le rapport, et le nombre de déplacés internes est passé d'environ 60.000 au début de 2014 à 400.000 à la mi-novembre.
Afin d'enrayer ces différentes tendances, le rapport du HCDH propose par ailleurs un certain nombre de mesures, soulignant notamment la nécessité de renforcer les institutions de l'Etat, de garantir la reddition de comptes pour les violations des droits de l'homme et de soutenir le dialogue politique en cours.
Des discussions de paix réunissant les protagonistes libyens initialement prévues pour ce mardi sous l'égide de l'ONU afin de trouver une issue à la crise en Libye ont été reportées, au moment où l'armée libyenne a repris aux milices islamistes la plus grande base militaire de Benghazi (est).
La mission des Nations unies annoncé la veille que le prochain round des discussions interlibyennes prévu mardi dans la ville de Ghedames (sud-ouest) se tiendrait la semaine prochaine, sans toutefois préciser de date pour des raisons de sécurité.
La Libye est plongée dans le chaos avec deux gouvernements rivaux, l'un mis en place par une coalition de milices, Fajr Libya, qui s'est emparé de la capitale cet été, et l'autre reconnu par la communauté internationale et qui a dû s'exiler dans l'est du pays.
10 fév 2015
Source :APS