Considéré comme l'un des traducteurs espagnols les plus connaisseurs de la culture arabe, notamment marocaine, Gonzalo Fernandez est animé par une passion pour le Maroc et son multiple patrimoine culturel.
A le voir tenir entre ses mains le dernier roman de Ahmed Madini "Mamar Assafssaf" (le passage des peupliers) en lice pour le prix international Booker dans sa version arabe, on sent chez lui un intérêt évident pour la culture marocaine et une réelle envie de découvrir les dernières éditions dans le domaine littéraire au Maroc.
Plus de trente années de passion que ce traducteur qui maîtrise parfaitement la langue arabe et parle couramment en dialecte marocain, raconte dans un entretien accordé à la MAP en marge de cette 21ème édition du Salon International du livre et de l'édition à Casablanca.
Une passion pour la culture marocaine naît lors de son premier séjour à Asilah à l'occasion de son célébrissime Moussem culturel. Depuis, il a réalisé de nombreuses traductions de textes écrits par des auteurs marocains de différentes générations. Son intérêt pour la culture marocaine ne se limite pas à la production littéraire mais comprend d'autres genres comme les arts plastiques, le théâtre, la poésie, la musique, particulièrement le Malhoun et même le Hip hop.
En 2000, Gonzalo Fernandez obtient sa thèse de doctorat avec les félicitations du jury de l'université de Madrid sur le thème "la littérature marocaine moderne". Auparavant, il a pris part à la création de la prestigieuse école de traducteurs de Tolède au sein de laquelle il a contribué à promouvoir la traduction de nombreux auteurs marocains, entre autres, Abdelkrim Ghellab, Abdelmjid Benjeloun, Leïla Abou Zaïd, Mohamed Bennis, Bensalem Himmich ou encore l'historien Mohamed Benaboud.
Petit à petit, comme il le note, les espagnols qui connaissaient peu de choses sur la culture marocaine commencent de plus en plus à s'y intéresser, surtout depuis la sortie de la version espagnole du roman de Mohamed Choukri "le pain nu". Un véritable best-seller à l'époque en Espagne et un phénomène d'édition tout comme maintenant "le dernier patriarche" de Najat Hachimi, un roman à succès écrit en catalan. Et ce n'est que le début car Gonzalo Fernandez est sûr que d'autres romanciers s'imposeront à l'avenir parmi la communauté marocaine résidant en Espagne.
Gonzalo Fernandez ne cache pas sa fierté de contribuer ainsi à la promotion de la culture marocaine auprès de ses compatriotes, brisant dans la foulée les barrières et les stéréotypes.
En fin connaisseur du Maroc, il souligne, par ailleurs, que la constitution de 2011 a permis de consacrer et de consolider la diversité culturelle du Maroc, citant tout particulièrement la remarquable production littéraire en Amazighe et en dialecte.
Ancien directeur de l'école de traducteurs de Tolède, Gonzalo Fernandez enseigne depuis 2006 la littérature arabe moderne à l'université de Madrid. Il a également enseigné à l'école Supérieure Roi Fahd de Traduction à Tanger, l'école de traduction et l'université Saint-Joseph de Beyrouth, à l'université de Berkeley en Californie tout en étant pendant un temps interprète aux Nations-Unis.
Parmi ses publications, on cite, entre autres, "la littérature marocaine moderne", "Orientalisme et traduction" ou encore "L'autobiographie et la littérature arabe".
16 févr. 2015,Nizar Lafraoui
Source : MAP