Réussir l'intégration des communautés étrangères en Europe et le vivre ensemble requiert de puiser dans l'histoire de celles-ci pour mieux les comprendre, a souligné Leon Buskens, universitaire hollandais, anthropologue et spécialiste du droit et de la culture dans les sociétés musulmanes et professeur universitaire.
Animant une table-ronde sur les Marocains des Pays-Bas, organisée lundi à Casablanca, dans le cadre des activités du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) à la 21ème édition du Salon international de l'édition et du livre (SIEL), M. Buskens a estimé qu'une intégration réussie des communautés étrangères établies aux Pays-Bas, notamment la communauté marocaine, passe par une étude de leur histoire et de celle des politiques migratoires gouvernementales.
Il a par ailleurs attribué les problèmes actuels de la migration au manque de recul chez les autorités hollandaises, relevant qu'une panique ronge plusieurs secteurs de la société néerlandaise, rendant difficile ce vivre ensemble tellement anhélé de part et d'autre.
Ces problèmes s'accentuent davantage à cause notamment des stéréotypes que véhiculent les médias locaux attribuant tous les maux de la société, notamment la recrudescence de la violence, ou encore le chômage à la migration.
De son côté, Oussama Cherribi, professeur de sociologie à l'université d'Emory, à Atlanta, en Géorgie (USA), s'est attardé sur la question de l'islam aux Pays-Bas, en expliquant comment ce pays européen est passé du stade de la tolérance à l'islamophobie.
L'islam n'a jamais été aussi libre en Europe comme en Hollande, pays qu'il a qualifié de tolérant où les musulmans disposent de dizaine de mosquées et pratiquent librement leur culte.
Et de relevé que ce revirement dans l'attitude aussi bien de la société que de certains politiques hollandais peut s'expliquer par le déphasage entre l'islam en tant que religion et ses expressions en tant que pratique et pensée.
L'assistance a eu droit à un débat très dynamique voire houleux par moments habillement dirigé par le modérateur Kaddouri Abdelmajid, ancien doyen de la faculté de Ben M'sik à Casablanca, historien, spécialiste des relations entre le Maroc et l'Europe et de l'histoire des mentalités.
Le stand du CCME avait abrité plusieurs conférences, notamment sur la radicalisation et l'immigration marocaine en Espagne.
Le CCME participe pour la septième année consécutive au Salon international de l'édition et du livre de Casablanca qui a ouvert ses portes le 12 février 2015. Les activités du pavillon s'articulent cette année autour de la thématique de "Migration, diversité, citoyenneté : le défi du vivre ensemble".
Source : MAP