L'identité dans ses différents aspects est une question "volatile" en permanente construction par l'individu, a indiqué, mercredi à Casablanca, le théologien français d'origine marocaine Rachid Oubrou.
La question de l'identité est liée étroitement à la théorie de la culture en tant que mouvement de réception et de transmission de valeurs, a estimé M. Oubrou, imam de la grande mosquée de Bordeaux et auteur de plusieurs ouvrages sur l'Islam, qui s'exprimait lors d'une conférence sur "Islam et musulmans en Europe : enjeux et défis identitaires", organisée par le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) dans le cadre de ses activités au Salon international de l'édition et du livre (SIEL) de Casablanca.
Les émigrés arrivent dans les pays d'accueil en Europe chargés d'un important bagage culturel, identitaire et religieux, estime ce chercheur franco-marocain, élevé au rang de Chevalier de la Légion d'honneur en 2013.
M. Oubrou a plaidé pour une lecture rénovée du Coran, soulignant que si les fondements de l'Islam sont immuables, cela n'empêche pas les spécialistes, notamment théologiens, savants et ouléma, de procéder à une interprétation rénovée dans le cadre d'une "culturation religieuse contextuelle".
Le concept de l'identité est vague et relève du purement personnel, a-t-il relevé, soulignant que les musulmans d'Europe sont appelés en premier lieu à transmettre à leurs enfants les valeurs universelles de l'Islam tels l'amour, la tolérance et le respect de l'autre.
Essayant de réponde à une question liée aux défis qu'affrontent les musulmans en Europe, Rachid Id Yassine, docteur en sociologie, anthropologie et science des religions et chercheur à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), a estimé que se n'est ni l'Islam ni les musulmans d'Europe qui doivent relever les défis identitaires, mais plutôt l'Europe qui est interpellée sur son identité.
Pour ce jeune chercheur franco-marocain, auteur d'entre autres "L'islam d'Occident" et "Musulmans et Catalans, une identité incertaine ?", l'Islam est une religion à part entière qui se veut universelle et transculturelle, une transculturalité qui tient au fait que "l'Islam ne relève pas d'une culture mais d'une quête de sens qui se manifeste parfois dans des cultures différentes".
Selon lui, le défi n'est plus lié au sort de l'Islam ou des musulmans d'Europe, mais plutôt aux sociétés européennes qui vivent une crise identitaire et qui peinent à se définir et à redéfinir leur identité.
Pour sa part, Mohamed Ajaouaou, professeur adjoint et chercheur en études islamiques à l'université VU Amsterdam, s'est attardé sur l'expérience hollandaise en matière de l'encadrement religieux des détenus musulmans dans les centres pénitentiaires aux Pays-Bas.
D'après M. Ajouaou, aussi président des aumôniers musulmans au ministère de la Sécurité et de la justice des Pays-Bas, le projet hollandais en matière d'encadrement religieux des musulmans dans les prisons est "unique" du fait que les imams chargés de cette mission relèvent directement du ministère de la Sécurité et de la justice.
Le CCME participe pour la septième année consécutive au Salon international de l'édition et du livre de Casablanca qui a ouvert ses portes le 12 février courant. Les activités du pavillon sont consacrées cette année au thème "Migration, diversité, citoyenneté : le défi du vivre ensemble". Plusieurs conférences et tables-rondes y sont organisées quotidiennement.
19 févr. 2015
Source : MAP