Les récits de migrants secourus par l'Italie au large de la Libye témoignent des violences inouïes qu'ils ont subi dans un pays plongé dans la guerre, a rapporté vendredi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Certains ne sont restés que quelques jours en Libye, d'autres y ont passé deux ans, mais tous "décrivent une situation de vraie guerre. Tripoli elle-même est attaquée, et beaucoup de migrants racontent qu'il est maintenant trop dangereux d'essayer de rester dans la ville", a expliqué l'OIM dans un communiqué.
"Les témoignages confirment que les passeurs sont de plus en plus violents avec les migrants, à l'embarquement mais aussi dans les +maisons de connexion+ où ils les font attendre des jours ou des semaines" dans des conditions sordides, a ajouté Federico Soda, directeur de l'OIM pour la Méditerranée.
Parmi les dizaines de migrants interrogés par les équipes de l'OIM à Lampedusa ou en Sicile, une Somalienne arrivée avec sa fille de 3 mois née dans une "maison de connexion" en Libye, raconte l'horreur d'un voyage à travers le désert, où elle a vu mourir des gens dont le corps a été laissé à l'abandon.
Un adolescent gambien a raconté son périple à travers le Sénégal, le Mali, le Burkina Faso et le Niger, jusqu'à la Libye où il a été exploité pendant trois mois sur un chantier, victime de fréquentes agressions, avant d'assister au meurtre de trois de ses camarades par leur exploiteurs.
Un autre Gambien de 17 ans a lui travaillé pendant un an en Libye, qu'il a fui pour échapper à l'augmentation des violences et des extorsions.
Certains migrants se sont aussi retrouvés dans des centres de rétention libyens, où ils ont soudoyé des gardes qui les ont conduits directement au bateau.
Pour les familles palestiniennes et syriennes, le voyage a commencé en avion d'Amman, Beyrouth ou Istanbul jusqu'à Khartoum, puis par la route jusqu'en Libye.
Entre le 13 et le 17 février, au moins 3.800 migrants partis de Libye ont été secourus en mer Méditerranée.
20 févr. 2015
Source : AFP