L'organisation de défense des droits de l'homme Amnesty International a estimé que l'Union européenne n'était pas à la hauteur de ses principes en matière d'accueil de réfugiés et de migrants, dans son rapport annuel publié mercredi.
"La Syrie a des millions de réfugiés et l'Europe en a seulement accepté quelques milliers. Pire, ils poussent les gens à s'embarquer" pour traverser la Méditerranée faute de voies migratoires légales, a accusé Salil Shetty, secrétaire général d'Amnesty, lors d'une conférence de presse à Londres.
Amnesty évalue à 3.400 le nombre de réfugiés ayant perdu la vie en Méditerranée l'année dernière en tentant de rejoindre les rivages européens et pointe le fait que 95% des 4 millions de réfugiés syriens ont été accueillis dans les pays voisins de la Syrie.
"Les Italiens ont pris une excellente initiative avec l'opération Mare Nostrum (...) mais le reste de l'Europe n'a pas pris ses responsabilités", a-t-il estimé, qualifiant l'action collective de l'Union européenne de "scandaleuse".
L'opération italienne "Mare Nostrum" de sauvetage en mer s'est terminée à la fin de l'année dernière et a été remplacée par l'opération européenne "Triton".
Mais contrairement à "Mare Nostrum", qui visait surtout à sauver des vies, "Triton" est avant tout une opération de contrôle, en général limitée aux eaux territoriales, pour laquelle les pays participants fournissent quelques bateaux mais surtout des hélicoptères, avions et experts pour enregistrer les migrants.
Ce nouveau dispositif a été vivement critiqué après la disparition en mer de quelque 300 migrants mi-février.
"L'Union européenne a une responsabilité collective de fournir des voies migratoires légales, régulières et sûres. (...) Il est grand temps de le faire sans quoi ses appels pour le respect des droits de l'homme ne seront pas crédibles", a prévenu M. Shetty.
En 2014, plus de 218.000 migrants ont tenté de traverser la Méditerranée, mais au moins 3.500 d'entre eux ont perdu la vie, faisant de ce trajet "la route la plus mortelle du monde", selon le Haut-commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).
25 fév 2015
Source : AFP