Les enquêtes précieuses de l’INSEE, bâties sur le recensement de la population, permettent d’apporter un éclairage indispensable à un débat largement politisé voire politicien.
La synthèse parue dans INSEE Première indique une augmentation de la population immigrée de 2009 à 2012, essentiellement en raison de l’arrivée d’Européens. Leur part représente près de la moitié des immigrés entrés en France en 2012. Ils étaient un tiers il y a 10 ans. Cette immigration est majoritairement portugaise, britannique, espagnole, italienne ou allemande. Elle signe en particulier les conséquences économiques de la crise qui a touché certains de ces pays. Une autre évolution importante est à mentionner, les femmes sont désormais majoritaires dans la population immigrée.
Questions de définition
Un immigré est une personne née de nationalité étrangère à l’étranger et résidant en France.
Un étudiant étranger est un immigré inscrit dans un établissement d’enseignement, âgé de 16 à 29 ans et possédant un niveau de diplôme égal ou équivalent au baccalauréat.
Les grandes caractéristiques de l’immigration en France
5,8 millions d’immigrés vivaient en France début 2013, soit 8,8 % de la population. Ce chiffre est en légère augmentation par rapport au début de la décennie. En 2004, les immigrés représentaient 8 % de la population. Chaque année en moyenne, entre 2004 et 2012, ce sont 200 000 personnes qui sont arrivées. 50 000 sont décédées et 60 000 ont quitté le territoire national. En 2012, 46 % sont originaires d’Europe, 30 % d’Afrique, 14 % d’Asie et 10 % d’Amérique et d’Océanie.
Une immigration de plus en plus européenne
Résultat de la liberté de circulation et de la crise économique qui frappe de nombreux pays européens, en 2012, près d’un immigré sur 2 est né dans un pays européen. Entre 2009 et 2012, le nombre d’entrées d’Européens a progressé de 12 % par an en moyenne. Plus de la moitié de l’augmentation provient de 3 pays qui ont déjà connu dans le passé des vagues d’immigration importantes en France. Il s’agit du Portugal, de l’Espagne et de l’Italie. L’âge de ces personnes est un peu plus élevé que pour les autres continents. Ainsi, un immigré sur 4 originaire de Belgique entre en France vers 49 ans. Et on comprend bien que les nombreux médecins ou kinésithérapeutes espagnols s’installant en France le font à la fin d’années d’étude souvent longues.
Une légère augmentation du nombre d’immigrés africains
Toujours entre 2009 et 2012, le nombre d’immigrés en provenance d’Afrique a augmenté légèrement, (+1% en moyenne). Cette hausse provient des entrées de Marocains et de Tunisiens (+2,4 % et +2,9 % par an). Les arrivées en provenance d’Algérie diminuent.
Une immigration désormais majoritairement féminine
À rebours de l’immigration masculine des années 70 et des regroupements familiaux des années 80, l’immigration actuelle se caractérise par une féminisation constante.
Les femmes sont désormais majoritaires dans la population immigrée. Leur part s’élève à 54 % du total et ce fait est partagé par tous les continents. 51 % des immigrés européens, 54 % des immigrés africains, 59 % des immigrés asiatiques et 56 % des immigrés américains et océaniens sont des femmes. Il s’agit d’une révolution silencieuse bien loin de l’image caricaturale des immigrés.
Les nouveaux arrivants sont de plus en plus diplômés
63 % des immigrés arrivés en France en 2012 sont au moins titulaires d’un diplôme équivalent au baccalauréat. Un quart seulement ne possède pas de diplômes. Les moins diplômés sont les Portugais et les Turcs. À l’inverse, plus d’un immigré sur 2 originaire des Etats-Unis, de Chine, d’Espagne, d’Italie et de Russie possède un diplôme supérieur.
Les immigrés et l’emploi
40 % des immigrés entrés en France en 2012 déclarent occuper un emploi. Ce taux s’élève à 55 % pour les Européens soit 2 fois et demi de plus que les Africains. Ces différences s’expliquent en partie par la structure en sexe, âge et niveau de diplôme. Les Allemands, les Espagnols et les Portugais arrivés en 2012 ont un taux d’emploi de 70%.
La France maintient un niveau élevé de naturalisations
A la mi-janvier, le ministre de l’intérieur a communiqué sur les chiffres de l’immigration en soulignant que les attaques terroristes que la France venait de subir n’avaient rien à voir avec l’immigration.
En 2014, la France a accordé 179 279 titres de long séjour, soit une augmentation de 7,3 % par rapport à 2013. Le niveau de régularisation est de 31 265. Quant à la naturalisation, 77 000 étrangers ont acquis la nationalité française, soit 10,9% de plus qu’en 2013.
Les éloignements forcés sont passés de 14 000 à 15 000 entre 2013 et 2014. Les départs aidés d’une allocation, jugés sans résultat concret, ont diminué.
Enfin les demandes d’asile sont en léger reflux : 64 000 requêtes en 2014 contre 66 000 l’année précédente.
25 février 2015
Source : clesdusocial.com