Les immigrés en Espagne n’ont pas recours aux établissements de transfert de fonds (banques, services postaux ou sociétés de transfert d’argent) pour leurs envois d’argent vers leurs pays d’origine. C’est ce qui ressort de l’étude « Immigration et transferts informels en Espagne », conduite par le chercheur et directeur du Centre d’investigation « Remesas.org », Iñigo Moré.
Présentée ce mardi à Madrid lors d’une conférence de presse par la secrétaire d'Etat à l'Immigration et l'Emigration, Consuelo Rumi, l’étude a été initiée par l'Observatoire Permanent de l'Immigration (OPI). Il s’agit d’un organisme qui s’occupe essentiellement du recueil de données, d’analyses, d’études et de la diffusion de l’information relative aux mouvements migratoires en Espagne.
On y apprend que près de 20% des sorties d’argent du territoire espagnol se font par des mécanismes informels. Ce pourcentage serait d’ailleurs une « estimation », d’après Consuelo Rumi, citée par Europa Press ; car le secteur est un « univers opaque et non réglementé » donc difficile à quantifier.
Pour Iñigo Moré, en 2007, l’ensemble des immigrés d’Espagne ont envoyé vers leur pays d’origine, 8,1 milliards d’euros par voies autorisées et contrôlées par la Banque d'Espagne. Mais, au moins 1,6 milliards d’euros ont franchi la frontière par 17 méthodes irrégulières différentes, principalement celle appelée « auto transport » par Moré. En ce sens, le chercheur précise qu’en 2008, 421 voyageurs ont été interceptés par les douanes espagnoles parce qu’ils transportaient une somme non déclarée et dépassant le montant autorisé.
La Banque d’Espagne estime qu’au cours des neuf premiers mois de 2009, les immigrés ont envoyé vers leurs patries d’origine, 5,2 milliards d'euros dont au moins 1 milliard d’euros en espèces, à bord des bus ou des véhicules de tourisme.
Les Marocains ne sont pas ceux qui utilisent le plus les filières irrégulières. En tête du classement de ces transferts, on trouve les Vénézueliens. 70% des ressortissants de ce pays en Espagne ont recours aux moyens informels. Suivent ensuite les Gambiens, avec 50%, les Marocains, les Ukrainiens et les Polonais avec près de 40%. Mais en ce qui concerne la quantité, le Maroc est le pays qui reçoit le plus d'argent par le biais de ces filières irrégulières. La Roumanie et le Portugal complète le trio de tête. Selon le chercheur, les montants les plus élevés « ne vont pas aux pays les plus pauvres, mais aux pays voisins de l'Espagne ».
Source : Yabiladi