jeudi 4 juillet 2024 08:26

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Touria Ahayan, Rédactrice en chef marocaine dans la forteresse des médias néerlandais

Elle est aujourd'hui l'une des rares journalistes d'origine marocaine actives dans les médias néerlandais. Touria Ahayan, rédactrice en chef au sein de la SBS, l'une des plus grandes chaînes de télévision aux Pays-Bas, force l'admiration pour avoir su s'imposer, pendant 20 ans, dans le monde très fermé des médias hollandais.

Arrivée aux Pays-Bas à l'âge de six ans dans le cadre du regroupement familial, Mme Ahayan a gravé les échelons, lentement mais surement, au sein de la chaîne néerlandaise depuis son recrutement à l'âge de 23 ans, après un longue parcours d'études en journalisme au sein du fameux institut de l'enseignement supérieur HBO et des stages dans les chaînes publiques NOS et RTL.

Elle se rappelle dans un entretien à la MAP, de ses premiers pas de journaliste marocaine immigrée, mais très déterminée, qui se lance à la conquête de nouveaux défis dans un monde où la performance, le rendement mais aussi et surtout, la longue haleine, sont les maîtres mots.

Et comme elle a compris, depuis le début, que le journalisme est avant tout un métier de passionnés, la jeune recrue s'est donnée corps et âme avec un seul objectif : se frayer une place et s'imposer.

"Quand j'ai commencé (NDLR: à la chaine), mon premier souci était d'être performante autant que mes collègues néerlandais, j'y tenais fermement", a confié cette journaliste, native de Tétouan, dont la personnalité dégage la simplicité, la modestie et la sympathie.

"Journaliste, j'ai toujours aimé aller à la rencontre des gens et raconter leurs histoires, j'ai bossé en dehors de mes heures de travail et je ne manquais pas d'initiatives", se rappelle Touria, elle, qui affirme avec insistance n'avoir jamais ressenti de discrimination.

Selon elle, au sein de la chaîne, seul compte la performance, la personnalité et la qualité du travail. Peu importe l'origine. Touria a toujours exigé d'être considérée en tant que journaliste polyvalente et non spécialiste de l'immigration, en raison de ses origines immigrées.

Elle a regretté que les journalistes immigrés notamment marocains se fassent de plus en plus rares au sein des médias néerlandais. "C'est à nous les journalistes d'origine immigrée, forts de nos expériences et de notre éducation, de contribuer à la lutte contre les préjugés sur les Marocains, l'Islam et les immigrés, en général", a souligné Touria Ahayan.

Une rédaction se doit de refléter la diversité de la société, à condition que le journaliste fasse preuve de compétence et de motivation, telle est la conviction qui prévaut au sein de la SBS, a tenu à préciser la journaliste marocaine, qui dit ignorer pourquoi les étudiants marocains ne choisissent pas le journalisme.

Par ailleurs, Touria Ahayan affirme ne pas comprendre "la phobie" de certains Marocains des Pays-Bas de parler aux médias, comme seul moyen pour tordre le cou aux idées reçues chez la société et la presse néerlandaise.

"Dans les médias, il y a certes de la manipulation, mais les journalistes ne sont pas tous manipulateurs", a-t-elle fait remarquer, se félicitant d'avoir la chance de travailler aux côtés de collègues très attentifs et ouverts.

Interrogée sur la situation de la femme marocaine aux Pays-Bas, Ahayan n'a pas omis de souligner les grandes avancées réalisées ces dernières années par ses compatriotes, qui désormais se montrent déterminées à faire des études, travailler et s'intégrer dans leur société d'accueil malgré la persistances de certains clichés.

De même qu'elle s'est dite impressionnée par le dynamisme de la femme marocaine qui a su acquérir des droits indéniables et améliorer sa situation en intégrant les postes de responsabilité dans différents domaines et en luttant contre la violence conjugale et pour l'égalité homme/femme.

Toutefois, estime la rédactrice en chef à la SBS, beaucoup de chemin reste à faire pour que la femme marocaine atteigne la place qui lui échoit dans la société, ici et là-bas.

07 mars 2015

Said YOUSSI

Source : MAP

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