Le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture a balayé mardi d'un revers de main la réponse "intempestive" de Canberra à ses critiques sur le traitement réservé par l'Australie aux demandeurs d'asile, estimant avoir au moins suscité le débat.
Le Premier ministre Tony Abbott avait violemment réagi lundi à une enquête du rapporteur spécial qui reprochait à l'Australie de placer en détention des enfants, de laisser libre cours à la violence dans les centres de rétention et de violer les lois maritimes.
"Je crois vraiment que les Australiens en ont assez de recevoir des leçons de la part des Nations unies, en particulier compte-tenu du fait que nous avons fait cesser (l'arrivée des) bateaux, et ce faisant, avons mis un terme à la mortalité en mer", a-t-il dit.
Les demandeurs d'asile qui arrivent par bateau en Australie sont placés dans des camps de rétention sur l'île de Manus, en Papouasie-Nouvelle Guinée ou sur l'île de Nauru, dans l'océan Pacifique. Même si leur demande d'asile est considérée comme légitime après instruction de leur dossier, Canberra ne les autorise pas à s'installer en Australie.
Le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture et autres traitements cruels ou dégradants a dit qu'il n'était pas déçu de cette réaction.
"Au moins, nous avons un vrai débat en Australie, et c'est plus important que la réaction initiale du gouvernement", a déclaré Juan Mendez à l'Australian Broadcasting Corporation. "Dans de nombreux cas, les gouvernements nous ignorent et ne répondent pas du tout, alors je préfère une réponse intempestive à l'absence de réponse", a-t-il ajouté.
L'Australie est critiquée par les associations des droits de l'Homme pour sa politique d'immigration très dure. Le gouvernement conservateur, qui repousse aussi vers la haute mer les bateaux de réfugiés quand c'est possible, dit qu'il veut décourager le trafic des passeurs qui profitent d'immigrants venant pour l'essentiel d'Irak, d'Iran et d'Afghanistan.
Officiellement, un seul bateau a réussi à gagner les rives du continent australien depuis décembre 2013. Auparavant, les arrivées de bateaux étaient quasi-quotidiennes et des centaines de demandeurs d'asile ont perdu la vie lors de ces périples dangereux.
10 mars 2015
Source : AFP