La démission du maire d'une petite commune de l'est de l'Allemagne, menacé par des néonazis depuis qu'il avait accepté un centre d'accueil de réfugiés, suscitait mardi l'inquiétude parmi les responsables politiques du pays.
Markus Nierth, maire sans étiquette de Tröglitz, commune de 2.700 habitants située dans l'Etat régional de Saxe-Anhalt, avait annoncé samedi qu'il quittait ses fonctions. Il avait expliqué qu'il se sentait menacé par des manifestations organisées par le parti néonazi NPD depuis qu'il avait accepté d'accueillir une quarantaine de réfugiés dans un bâtiment inoccupé du village.
L'édile affirme démissionner non par peur mais pour dénoncer un manque de soutien politique à son égard, assurant que sa famille et lui étaient devenus des "cibles" du NPD. "De la part des partis politiques, je me suis senti délaissé", a-t-il dit dans un entretien à l'agence allemande DPA.
"Par ailleurs, j'avais besoin d'être légalement protégé. Si j'avais eu cette sécurité, je n'aurais pas démissionné. En tant que petit maire, je suis devenu une victime", a-t-il ajouté alors que le NPD a organisé des manifestations sous ses fenêtres pendant plusieurs semaines.
Des responsables politiques nationaux ainsi que certains médias ont exprimé mardi leur préoccupation après la décision de M. Nierth.
"Je comprends l'inquiétude qu'éprouve Markus Nierth pour lui et sa famille", a déclaré la secrétaire générale du parti social-démocrate SPD, Yasmin Fahimi, au quotidien régional Kölner Stadt-Anzeiger. Mais "il n'est pas acceptable que quelqu'un soit contraint de démissionner parce qu'il s'engage en faveur des minorités et trouve des néonazis sur son chemin".
L'un des responsables des Verts allemands, Cem Özdemir, a lui aussi regretté que M. Nierth en soit arrivé là. "Quand dans notre démocratie et notre Etat de droit, un maire élu ne se sent plus protégé face à la plèbe brune, il faut tirer tous les signaux d'alarme".
L'Allemagne est actuellement la première destination des demandeurs d'asile en Europe. L'Allemagne a reçu en 2014, plus de 200.000 demandes d'asile (en hausse de 60% par rapport à 2013). Cet afflux se heurte à des réactions xénophobes dans certaines régions, notamment à l'est et particulièrement à Dresde où d'importantes manifestations antiréfugiés et antiislam ont eu lieu, sous la bannière du mouvement Pegida.
11 mars 2015
Source : AFP