Le Pakistan prévoit au cours des prochains mois d'enregistrer environ 1,4 million d'Afghans établis illégalement sur son sol pour ensuite les rapatrier chez eux, a annoncé mercredi un ministre pakistanais à l'issue d'une rencontre avec des représentants de l'ONU et d'Afghanistan.
Depuis 35 ans, le Pakistan a accueilli des millions de réfugiés afghans poussés à l'exil par la guerre. Aujourd'hui encore, 1,6 million d'Afghans sont officiellement enregistrés dans le pays, auxquels s'ajoutent 1,4 million de migrants illégaux.
Au cours des dernières années, des responsables pakistanais ont souvent accusé ces réfugiés, légaux ou non, de perpétrer des crimes et de contribuer à l'insécurité dans le nord-ouest du pays, une zone d'influence des talibans, alors que les Afghans disent être mal traités au Pakistan.
Plus de 30.000 Afghans établis au Pakistan ont quitté le pays depuis le raid taliban contre une école de Peshawar (nord-ouest), qui avait fait 154 morts en décembre, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
Mercredi à Islamabad, des responsables pakistanais, afghans et du Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ont discuté de l'avenir des Afghans en sol pakistanais.
"Nous nous sommes mis d'accord pour former un comité qui devra s'assurer que tous les réfugiés afghans non enregistrés soient enregistrés d'ici quatre mois",a déclaré lors d'une conférence de presse, le ministre pakistanais des Frontières, le lieutenant général Abdul Qadir Baloch.
Si le Pakistan souhaite enregistrer rapidement ces Afghans établis illégalement sur son territoire, ce n'est pas pour pérenniser leur situation, mais bien pour encadrer leur départ à venir, a-t-il souligné.
Les deux pays voisins et l'ONU vont solliciter les donateurs internationaux afin qu'ils appuient financièrement le rapatriement des réfugiés afghans une fois l'enregistrement achevé, a expliqué M. Baloch.
Les autorités pakistanaises s'étaient déjà fixé comme objectif de rapatrier tous les réfugiés afghans avant la fin de l'année 2015, mais cette date butoir sera vraisemblablement reportée, a-t-il admis.
De nombreux Afghans sont nés dans des camps de réfugiés au Pakistan et connaissent davantage leur pays d'accueil que la terre de leurs ancêtres. Aussi, plusieurs craignent de ne pas trouver de travail en retournant chez eux, un pays encore en proie à la guerre et dont l'avenir demeure incertain.
Le ministre afghan des Réfugiés, Sayed Hossein Alimi Balkhi, a reconnu mercredi que l'opinion publique en Afghanistan avait le sentiment que les réfugiés afghans au Pakistan étaient harcelés depuis le carnage de Peshawar.
"Mais aucun document ne suggère que cela est vrai, les Pakistanais sont très généreux et font preuve de respect envers leurs hôtes afghans", a-t-il affirmé, alors que le Pakistan et l'Afghanistan ont resserré leurs liens au cours des derniers mois dans l'espoir de stabiliser la région au terme de la mission de combat de l'Otan, en décembre dernier.