jeudi 4 juillet 2024 08:23

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L'UE verrouille ses frontières et cherche à endiguer les vagues de migrants

Débordée par l'augmentation constante des demandes d'asile et déboussolée par la menace des jeunes Européens rejoignant les rangs jihadistes en Syrie et en Irak, l'Europe veut verrouiller les frontières extérieures de l'Union et bloquer les migrants dans leurs pays d'origine.

"La pression migratoire ne cesse d'augmenter", a reconnu jeudi le ministre letton de l'Intérieur, Rihards Kozlovskis, qui présidait une réunion avec ses homologues européens.

Selon les dernières données de Frontex, l'agence européenne pour la surveillance des frontières, les "franchissements illégaux" ont triplé, passant de 100.000 à 274.000 entre 2013 et 2014. La situation ne cesse de se dégrader au Sud et à l'Est.

L'UE a le plus grand mal à gérer ce phénomène, faute d'une vraie solidarité entre les Etats dans l'accueil des migrants et des demandeurs d'asile. Cela fait le jeu des mouvements extrémistes xénophobes, désormais en mesure d'influencer les politiques.

Petit à petit, les portes de l'asile se ferment dans l'UE : le Danemark a durci ses règles, la Belgique a réduit le nombre de ses centres d'accueil, l'Allemagne et la Suède annoncent que leurs systèmes sont "en très grande difficulté" en raison d'un afflux de demandeurs d'asile venus du Kosovo, confie un diplomate européen.

Les dirigeants européens explorent toutes les possibilités pour bloquer les départs des candidats à l'immigration. L'Italie pousse ses partenaires à l'action. Près de 8.000 migrants ont débarqué sur ses côtes depuis le début de l'année et, selon le patron de Frontex, le Français Fabrice Leggeri, entre 500.000 et un million de migrants sont prêts à embarquer depuis les côtes libyennes.

"Si la question libyenne n'est pas résolue, il est inutile de parler d'immigration avec l'espoir de bloquer les départs", a averti le ministre italien Angelino Alfano. "La priorité pour toute la communauté internationale doit être de monter des centres en terre africaine pour traiter là-bas les demandes d'asile et décider si elles sont recevables", a-t-il plaidé.

 Critères de risque

"Il faut définir avec le HCR les conditions du traitement de ceux qui relèvent de l'asile en Europe afin d'éviter qu'ils ne prennent des bateaux", a renchéri son homologue français, Bernard Cazeneuve.

"Ceux à qui on a dit oui peuvent venir dans l'UE, mais doivent être répartis de manière équitable entre tous les pays", a insisté M. Alfano. "Le problème est que tout cela doit se faire sur une base volontaire", a-t-on souligné de source diplomatique.

L'Allemagne et l'Autriche plaident également pour de tels centres d'accueils. "Mais cela va prendre du temps", a averti le ministre allemand, Thomas de Maizière.

L'Union européenne doit être prête à traiter avec des dirigeants infréquentables pour développer de telles coopérations. "Nous ne devons pas être naïfs. Le fait que nous coopérions avec des régimes dictatoriaux ne signifie pas que nous les légitimions. Mais nous devons coopérer là où nous avons décidé de lutter contre la contrebande et la traite des êtres humains", a soutenu le commissaire européen chargé de ce dossier, Dimitris Avramopoulos.

Le renforcement des contrôles aux frontières est également une priorité pour lutter contre la menace que font peser les jeunes Européens radicalisés qui partent combattre en Syrie et en Irak, avant, pour certains, de revenir dans leur pays.

M. Cazeneuve a défendu la nécessité de contrôler systématiquement et de manière coordonnée les ressortissants européens dans les aéroports de l'espace Schengen afin de pouvoir mettre hors d'état de nuire les recrues des organisations jihadistes.

Mais la demande est loin de faire l'unanimité. "Face aux oppositions, il va falloir convaincre et être pragmatique", a reconnu le ministre français. "L'idée est de définir des critères de risque, mais il faut qu'ils soient respectueux des droits fondamentaux", a expliqué un diplomate européen.

"Pas question de critères stigmatisants", a-t-il insisté. En revanche, "la destination ou la provenance du voyageur peuvent devenir des critères pour ces contrôles".

12 mars 2015,Christian SPILLMANN

Source : AFP

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