Le gouvernement italien a annoncé avoir saisi la Cour constitutionnelle pour faire barrage à une loi votée en Lombardie (nord), considérée par ses détracteurs comme "anti-mosquées".
Cette saisine, décidée par le Conseil des ministres jeudi soir, concerne une loi approuvée fin janvier par le Conseil régional de Lombardie relative à la construction de nouveaux lieux de culte.
Présentée comme "une liste de principes de planification de l'équipement pour les services religieux", cette nouvelle législation votée majoritairement par des élus locaux de droite et de la Ligue du Nord, un parti anti-euro et droite anti-immigration, est accusée par ses détracteurs de cibler avant tout les mosquées pour en empêcher la construction.
Bien qu'elle s'applique à tous les édifices religieux, la manière dont elle est rédigée rend "quasi impossible" la construction d'un lieu de culte musulman, a expliqué à l'AFP Alessandro Alfieri, secrétaire régional du Parti démocrate (PD, gauche, au pouvoir) de Lombardie.
Parmi les mesures présentées, l'intégration de tout édifice religieux dans "l'architecture du paysage lombard", l'approbation d'une "consultation régionale" avant chaque projet et l'obligation d'installer une vidéosurveillance une fois le lieu de culte construit. La loi impose également aux instances religieuses souhaitant édifier de nouveaux bâtiments d'avoir souscrit au préalable un accord avec l'État, accord dont la communauté musulmane ne dispose pas.
Le gouvernement italien a fait savoir à travers un communiqué que certaines de ces mesures avaient été jugées "contraires à l'exercice des droits fondamentaux de la liberté religieuse" et "violaient plusieurs articles de la Constitution comme celui de l'égalité entre citoyens".
"Sous couvert de règlementer les nouvelles constructions, cette loi n'est faite que pour réduire les libertés de culte et vise directement les personnes de confession musulmane", estime Alessandro Alfieri.
Roberto Maroni, élu de la Ligue du Nord et président de la région Lombardie, s'est défendu de ces accusations via son compte Twitter : "ces mesures ne limitent pas la liberté de religion, elles visent simplement à introduire une série de réglementations plus détaillées pour garantir une égalité de traitement entre toutes les confessions".
"Depuis quelques mois Matteo Renzi saisit toutes les lois de la région Lombardie qu'il s'agisse de mosquées, de santé ou autre. C'est de la rétorsion mais il ne m'intimide pas. Nous sommes sereins car tout a été fait dans les règles pour cette loi", a-t-il ajouté.
L'archevêque de Milan, Angelo Scola, a de son côté plaidé en faveur de la décision du gouvernement de revenir sur cette loi.
13 mars 2015
Source : AFP