Un haut responsable haïtien a annoncé jeudi que le gouvernement allait déplacer 400.000 personnes hors de la capitale Port-au-Prince, vers des campements temporaires situés à proximité, dans les jours qui viennent.
Le chef de cabinet du président René Préval a précisé à l'Associated Press que le gouvernement s'inquiète de la situation sanitaire de centaines de cités de toiles qui se sont installées partout dans Port-au-Prince, depuis le séisme du 12 janvier. Il a cité notamment les tentes de la place du Champs de Mars, "qui n'est pas un lieu qui peut accueillir 1.000 ou 10.000 personnes", selon Fritz Longchamp. Les médecins ont mis en garde contre le risque d'épidémies qui pourraient se propager à partir de ces regroupements de milliers de personnes. Il y aura donc des lieux disposant au moins d'installations sanitaires adéquates.
Fritz Longchamp a affirmé jeudi que des bus allaient commencer à emmener des personnes en dehors de la capitale d'ici une semaine à dix jours, une fois que les nouveaux villages de tentes auront été montés. Des Casques bleus brésiliens préparent un site d'accueil à Croix des Bouquets, d'après l'Organisation internationale des migrations basée à Genève.
Des centaines de milliers de victimes du séisme dont les maisons ont été détruites se sont installés sur plus de 200 lieux en plein air où elles campent, sous la tente pour celles qui ont la chance d'en avoir obtenu une. Les plus nombreux dorment au soleil sur des couvertures, des feuilles de plastique ou sous des bâches tendues entre des branchages.
L'annonce du déplacement des réfugiés coïncide avec la nouvelles que les équipes de recherche quittent le pays avec leurs chiens et leur matériel, alors que les espoirs de retrouver des vivants dans les ruines sont infimes. La priorité est désormais de maintenir en vie les rescapés, d'enrayer les épidémies et de soutenir les personnes qui n'ont plus de maison.
"Nous avons tellement faim", déplore Félicie Colin, âgée de 77 ans, qui dort près des décombres de sa maison de retraite avec des dizaines d'autres pensionnaires qui n'ont plus mangé qu'occasionnellement depuis le séisme. Une distribution de vivres a tourné à l'émeute quand des individus ont pénétré dans un entrepot et se sont battus pour les sacs de nourriture.
La Croix-Rouge affirme pourtant qu'elle déploit les moyens les plus considérables sur une catastrophe de ce type depuis 91 ans, en eau, alimentation, médicaments, sanitaires, vêtements, camions, équipements de construction, téléphones, et des tonnes d'autres biens. Néanmoins, l'aide ne parvient pas à des dizaines de milliers de personnes parmi les plus pauvres, parce que les infrastructures ne sont pas adaptées.
"Ils ne voient pas d'eau ni de vivres venir à eux et ils sont frustrés" selon le Premier ministre Jean-Max Bellerive.
L'armée américaine rapporte que 1.400 vols humanitaires sont en liste d'attente pour se poser sur la piste d'atterissage de Port-au-Prince, qui ne peut pas accueillir plus de 120 à 140 appareils chaque jour. Quatre bateaux sont parvenus à quai au port de la capitale, mais un seul camion à la fois peut s'en approcher, en raison des dommages aux installations.
Malgré les 800 médecins, infirmières et techniciens de santé à bord du porte-avions américain en rade de Port-au-Prince, les personnels à terre ne sont pas suffisants dans les centres médicaux d'urgence.
Le gouvernement haïtien estime à 200.000 le nombre des morts de la catastrophe, plus 250.000 blessés et deux millions de sans abris sur une population de 9 millions d'habitants en Haïti.
Source : The Canadian Press